MAMMA MEDEA - Le Rideau @ Théâtre National
POUR TOI J’IRAI JUSQU’A ETEINDRE LE SOLEIL
Reprise
Ce spectacle incandescent fera date dans la mise en scène de Christophe Sermet. Claire Bodson, une toute grande comédienne. Une éblouissante création mondiale. ****Le Soir Une Médée 2000 volts. Allez-y sentir la lave brûlante de Médée. ***La Libre Belgique Dix acteurs à donner le meilleur d’eux-mêmes en maniant le terrible langage de Lanoye, râpeux, charnel, terre à terre et fulgurant. Le Vif/L’Express
Texte : Tom Lanoye / MeS Christophe Sermet
Avec Anne-Claire, Claire Bodson, Adrien Drumel, Pierre Haezaert, Francesco Italiano, Philippe Jeusette,Nicolas Legrain, Mathilde Rault, Yannick Renier, Fabrice Rodriguez et les enfants.
Création de Christophe Sermet réalisée avec l’aide du Ministère de la Communauté française/Service du théâtre - CAPT. Coproduction Rideau de Bruxelles. En partenariat avec le Théâtre National. Avec la participation du Centre des Arts Scéniques.
14 > 25.01
à 20h30, sauf les mercredis 15 et 22/01 à 19h30 et le dimanche 19/01 à 15h
R+ RENCONTRE le mercredi 22 janvier, avec Tom Lanoye (en vidéo), Alain van Crugten, Christophe Sermet et l’équipe de création (après les spectacle)
Réservations 02 737 16 01
Le Rideau @ Théâtre National
Boulevard Emile Jacqmain 111, 1000 Bruxelles
www.rideaudebruxelles.be
Photos © Marc Debelle
Vendredi 14 octobre 2011,
par
Samuël Bury
Médée, le mythe en chair
Prenons le tout début et la toute fin de cette pièce. Comme on lirait la première et la dernière page d’un roman. On y voit un récit social platement dramatique. De la colère sans retenue et une existence sans lendemain. Entre les deux balises, se joue avec maîtrise et déchainement un métissage presque parfait entre deux formes a priori distinctes du théâtre : la tragédie et le contemporain. Un exercice périlleux quand on y pense, celui de rassembler et faire s’interpénétrer des codes langagiers si différents. Tom Lanoye y est brillamment parvenu et Christophe Sermet l’a mis en scène avec une efficacité subtile.
Philippe Jeusette introduit la pièce en puissance, incarnant un Aiédès, roi de Colchide et père de Médée, tyran tant caractériel qu’imposant. Lui et les siens parlent un langage noble et versifié, teinté de rage et de lourds liens de sang. Autour de la tablée familiale, les mots s’échangent avec crainte et cruauté, les chaises volent et les assiettes éclatent.
Jason et ses fidèles Argonautes arrivent pour récupérer la Toison d’or. Eux, les « Grecs » sont élégants et trendy, causant cash et sans décors. Yannick Renier joue un Jason petit séducteur arrogant. Et Médée en tombe pourtant irrémédiablement amoureuse, décidée à l’aider dans sa quête par la magie et à tout quitter pour lui. Elle (Claire Bodson), dans sa toute naïve jeunesse dévoile une très féminine animalité et transpire la sexualité.
Après un périple horrible, Jason et Médée s’exileront à Corynthe où ils fonderont une famille. Là commencera leur décrépitude, entre trahison, jalousie et rancunes insolubles. Jusqu’au meurtre des enfants et la mort symbolique d’une union impossible.
Si cette création switche clairement entre tragédie et comédie sociale, elle va en réalité encore plus loin. D’abord parce qu’elle propose une identification forte et floue en même temps. Les personnages sont proches ne nous mais relativement éloignés par leur dimension mythique incontestable.
Le texte se veut presque schizophrénique (dans l’acception basique) tant il caractérise des confrontations - plus que des rapports - au monde radicalement différentes (l’époque de la tragédie et maintenant).
Cette dimension particulière, la gestion scénique parvient justement à l’accompagner en une approche minimale laissant beaucoup de place à l’expression forte des voix et des corps.
Même le choix musical est bien pensé. Du Blues en live. Sans doute pour son côté ambivalent brut et complainte mélodique.
C’est intense et le plaisir est peut-être aussi de constater que le récit est toujours à réinventer.
9 Messages