Loco

Louvain-la-neuve | Marionnettes | Le Vilar

Dates
Du 21 au 30 octobre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Studio 12
1348 Louvain-la-Neuve - Belgique
Contact
http://www.levilar.be
reservations@levilar.be
+32 80 02 53 25

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Loco

Deux actrices et quelques marionnettes explorent le conte surréaliste et la vie de Nikolaï Gogol.

Après le multi-primé Tchaïka, la compagnie Belova - Iacobelli revient avec une création inspirée de la nouvelle Le Journal d’un Fou et de la vie de son auteur, Nikolaï Gogol. Les aventures étranges et poétiques de Popritchine, le héros de ce conte absurde, font étrangement écho à la vie de Gogol… Un spectacle pour deux actrices et quelques marionnettes qui touche au thème de l’exclusion, mais aussi au désir ardent, vital, de trouver sa place dans le monde, un désir qui cherche à s’accomplir à tout prix, jusqu’à perdre la raison.

Au travers de l’histoire de ce petit employé et de la vie de Gogol, nous interrogerons nos propres solitudes, désirs, frustrations et troubles face à ce qui est établi et raisonnable. […] Ce n’est pas un éloge de la folie en tant que pathologie, mais un besoin de « mêler les cartes », de sortir du discours habituel, de chercher un nouvel axe de regard sur la réalité. Quitter la logique habituelle, pour rêver d’autre chose.

Distribution

Mise en scène Natacha Belova
Auteur Natacha Belova, Teresita Iacobelli
Mise en scène Teresita Iacobelli
Avec Teresita Iacobelli, Sophie Warnant
Chorégraphe, regard extérieur Nicole Mossoux
Assistant dramaturgie, regard extérieur Raven Rüell
Créateur lumières Christian Halkin
Construction de marionnettes Loïc Nebreda
Créateur sonore Simón González
Créatrice costumes Jackye Fauconnier
Assistanat à la mise en scène Camille Burckel
Production Javier Chávez
Production artistique Daniel Córdova
Direction technique, régisseur son Gauthier Poirier dit Caulier
Régisseur lumières Gauthier Poirier
Photographe Matteo Robert Morales

Un spectacle d’IFO Asbl en coproduction avec le Théâtre National Wallonie-Bruxelles, le Théâtre de Poche Bruxelles, l’Atelier Théâtre Jean Vilar, la Maison de la Culture de Tournai, le Festival mondial de la Marionnette Charleville-Mézières (France), la Fondation Corpartes Santiago (Chili), le Théâtre de la Cité de Toulouse (France).
Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles.

Crédit photo © Matteo Robert Morales

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Lundi 11 octobre 2021, par Catherine Sokolowski

Emouvante solitude

Après « Tchaïka », meilleur seul en scène aux Prix Maeterlinck en 2019, Natacha Belova et Tita Iacobelli proposent « Loco », spectacle librement inspiré du « Journal d’un fou » de Nicolaï Gogol. A travers une histoire toute simple, celle de Poprichtchine, fonctionnaire à la commune qui décide de devenir Ferdinand VIII pour plaire à l’élue de son cœur, le spectateur assiste à une critique de la société tout en accompagnant la fragile marionnette dans un voyage onirique aux frontières de l’aliénation. Un chef-d’œuvre de finesse et subtilité.

C’est sur un lit que débute la rencontre avec Poprichtchine, merveilleusement mis en lumière par un jeu de clairs-obscurs. Perdu au milieu de papiers froissés qui serviront notamment de costume ou de couverture, il inspire directement la sympathie dans sa chemise trop ample, avec sa voix douce à l’accent indéfinissable et ses réflexions pleines de bon sens. Conçu par Natacha Belova, l’employé communal prend vie grâce à la dextérité de Tita Iacobelli et Marta Pereira.

Copiste à la commune, la marionnette se pose plein de questions et se prête à une analyse critique (et drôle) de son environnement « Mes collègues, ce sont des cochons. Ils ne vont pas au théâtre ». Epris de Sophie, la fille du bourgmestre, il sait qu’il n’a aucune chance de la séduire en tant que simple fonctionnaire. Il veut monter en grade et estime mériter une place respectable.

Progressivement, il bascule alors dans une autre dimension, plus conforme à ses aspirations. C’est ainsi qu’on le voit grandir, revêtu d’un costume de papiers chiffonnés, et devenir Ferdinand VIII, roi d’Espagne.

Quelle est cette société dans laquelle il faut être diplomate, bourgmestre ou roi pour être reconnu ? « Pourquoi je suis un copiste ? » A côté de cette critique de la société, il y la frustration qu’elle occasionne et qui conduit Poprichtchine à s’inventer son propre monde pour échapper à la solitude et à la condition qu’il réfute.

On le voit, l’histoire toute simple n’est pas si triviale que ça. Gracieux et majestueux, le petit fonctionnaire n’a pas besoin d’être roi pour nous séduire. On en oublie presque Tita Iacobelli et Marta Pereira qui l’animent et jouent de leur tenue bicolore pour disparaître derrière lui. Quand elles déposent la marionnette, au nième rappel d’applaudissements, on en arriverait presque à se demander comment elles osent se présenter sans le héros de la soirée ! Un magnifique spectacle, poétique et attachant, à ne manquer sous aucun prétexte.

Crédit photo : Jérémy Sondeyker

Le Vilar