Et le sujet est prometteur : son père n’est autre que le professeur Marcel Liebman. « Un juif un peu … spécial » puisqu’il est pro-palestinien. Issu d’une famille « conservatrice et austère », il n’hésite pas à devenir un militant marxiste reconnu. Plus qu’un simple portrait de famille, le récit de Riton nous promène à travers une histoire de la Belgique et nous confronte à de nombreux thèmes : les inégalités, le militantisme, la protestation. Mais la grande question qui traverse le spectacle est celle du rapport à la paternité : comment supporter la comparaison avec ce père imposant ?
Toute l’ingéniosité du texte réside dans un projet artistique intelligent : ce n’est pas un hommage à Marcel Liebman. Les anecdotes racontées mettent en question ce père à la manière d’une bonne biographie, permettent de prendre de la distance par rapport à l’image glorieuse de l’intellectuel à contre-courant. Et avec elles, on suit toute l’évolution d’un fils à travers les années révolutionnaires, puis les années punk et le lot de désaccords qu’elles ont entraînés entre un père se battant pour un meilleur avenir et un fils « no future ». C’est aussi l’affranchissement d’un fils par rapport à son père qui nous est raconté. Touchant continuum lorsque Riton nous parle de son propre fils et de son expérience de père.
Malheureusement, tout cela est mal servi par l’interprète. Sur scène, il semble plus musicien que comédien : sa scansion fait perdre la compréhension du texte pourtant merveilleux, sa gestion du micro – qui ne semble pas toujours maîtrisée – déroute l’oreille, et son rythme de jeu lui donne un air désinvolte parfois dérangeant. De plus, l’utilisation du comique de répétition est un peu abusive.
Une scénographie sobre mais agréable, de la musique qui sert admirablement l’ambiance – soulignant le comique ou ajoutant au drame – ou encore des vidéos de Marcel Liebman, voilà de quoi tenir le spectateur éveillé et mettre en valeur le comédien. Visiblement, David Murgia – le metteur en scène – l’a bien compris et sait en user avec finesse.
Un spectacle biographique à voir : Liebman et Murgia forment un duo intéressant et riche qui fait vivre la scène, à défaut du texte resté flou.
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