Revenante, pèlerine, fugitive ?
Femme avant tout, un rien hermaphrodite, franchement amazone, elle vient en guerrière revendiquer cet amour paternel défaillant. Elle vient excuser par procuration un abandon qui lui a légué une déchirure irréparable. Habillée d’un fantôme d’homme, celui qui l’habite depuis toujours, elle vous regarde droit dans les yeux, vous là, plongés au creux de l’obscurité, et elle se met à nu. Ravalant sa fierté, elle peut aujourd’hui crier, se révolter, implorer qu’on la comprenne. Bravache, elle s’est tue si longtemps, affrontant les humiliations dans un monde où seuls les hommes sont dignes de respect.
Aujourd’hui, elle fait son deuil de cette enfance volée et feuillette le livre de l’absence, la quête d’identité, l’incompréhension, l’espoir et le désespoir, le doute, tout ce qui n’a pas d’explications, pas d’excuses. Elle que l’on a prénommée « Unique », on l’a jetée, privée de la tendresse, des bras, d’un père protecteur. Alors elle comble avec des mots le vide verbal, l’avarice d’un « au revoir » maintenant qu’il n’est plus question de retrouvailles. Elle raconte les combats, les premiers élans amoureux, la petite fille à la réputation belliqueuse, celle qui « frappait les garçons » et puis la vie, plus forte que la haine.
Ce que les « murs murmurent », Babetida le raconte avec une force et une simplicité colorée d’émotions spontanées jaillies du quotidien. Une écriture de fragments, d’anecdotes nourrissant un registre épique sans fioritures. Un texte dont chaque mot atteint sa cible : bouleverser.
Ce texte, Babetida le sert corps et âme avec un talent aux multiples facettes et un atout majeur : la candeur de son amour.
Palmina Di Meo