Les formes courtes sélectionnées dans cette mise en scène ne s’assemblent pas comme les pièces d’un puzzle, non. Elles sont plutôt comme un plan que l’on déplie petit à petit, une sorte de carte géographique de l’animal humain que nous sommes, perdant le nord, centré sur lui, ou carrément à l’ouest. Voyager dans cette carte, c’est découvrir un immense pays aux contrées inconnues, ombragées, inquiétantes : celui de la bête féroce qui sommeille au fond de chacun de nous. Grumberg, tel un garde-vétérinaire, se poste aux frontières, muni de son passeport bestial, et s’amuse à nous glacer le sang en hurlant « Halte ! » par surprise, puis nous raconte une bonne blague animalière, et nous autorise enfin à poursuivre notre destinée dans ce monde de brutes…
Dans l’infirmerie de ce grand zoo de cartes déshumanisées, Grumberg épingle quelques espèces à soigner, à sauvegarder ou en voie d’expansion : les juifs, les rouquins, les communistes, les bougnouls, les racistes, les méchants, les égoïstes, les cons, …
Eric de Staercke a domestiqué la mise en scène, pour que les quatre bipèdes s’affrontent efficacement dans la cage. Sous nos yeux, quatre espèces intéressantes à observer : Stéphanie Van Vyve ronronne, miaule, griffe et mord à souhaits, Corentin Lobet a le pelage roux, donne la patte, apporte le journal, pisse où bon lui semble et chie si l’envie lui prend. Dominique Rongvaux fait le beau, se lèche, s’étire, bave, aboie, grogne. Caroline Lambert piaffe, picore, caquette, jacasse, déploie ses ailes et perd parfois une plume. La visite est distrayante et éducative.
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