C’est au IXe siècle qu’apparait la légende du roi Arthur. D’après les récits médiévaux, ce seigneur breton aurait organisé la défense des peuples celtes vivant sur les îles Britanniques et la Bretagne face aux envahisseurs germaniques. Issu du folklore, le roi Arthur devient une figure littéraire sous la plume de Geoffroy de Monmouth dont l’« Histoire des rois de Bretagne » se vend dans toute l’Europe occidentale dès 1150. Repris d’anciennes légendes ou inventés tels Lancelot, Perceval, la fée Morgane, de nouveaux personnages enrichissent progressivement la fable. Quant à la table ronde autour de laquelle les chevaliers se réunissaient tous les ans pour raconter leurs exploits, elle nait de l’imagination d’un auteur normand, Wace. Chrétien de Troyes, le premier, rédige en ancien français et en vers « Les Chevaliers de la Table ronde », roman courtois à l’idéal chevaleresque, avant que le cycle ne soit rattaché aux Évangiles avec la conquête du Graal, la coupe ayant recueilli le sang du Christ.
On ne s’étonnera pas que Thierry Debroux ait eu envie de revisiter ces mythes merveilleux laissant une large place à la créativité et le pari est réussi. Combats à l’épée, comédiens acrobates, références cinématographiques, effets pyrotechniques, le Parc ne lésine pas sur les moyens pour offrir un spectacle à grands effets comme on voit rarement sur une scène de théâtre. Costumes, maquillage, chorégraphies, jeux de sons et lumières, scénographie, tout est impeccablement mis au point.
Une distribution grandiose dont l’excellent Othmane Moumen qui incarne un druide Merlin façon pirate Jack. Il orchestre ici une progression narrative en butte aux couloirs du temps malencontreusement affublé de sa tentaculaire Viviane (Karen de Paduwa). Sous les enchantements de ce couple ambigü, l’action ne faiblit jamais dans la forêt de Brocéliande.
Dans une version burlesque proche des codes de la commedia dell’arte, la fameuse table, devenue ronde pour mettre les Chevaliers sur un pied d’égalité, se découvre même des origines vikings. Clins d’œil contemporains, plateau en pochette surprise crachant un gigantesque dragon, tout est mis en œuvre pour fasciner petits et grands et faire revivre le temps des fées, des elfes et des sorcières, tout un monde magique que le christianisme et l’évangélisation vont balayer.
C’est ce monde fantasmagorique et mystérieux qui a séduit Thierry Debroux, grand amateur d’épopées, et qui enchante toujours les spectateurs.
Palmina Di Meo
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