Jacques (Thibaut Nève), qui a pris l’initiative de ce groupe de paroles, invite chaque participant à préciser ses motivations. Luttant contre son stress, il montre l’exemple. Il s’est toujours fait une haute idée du métier de père. Mais depuis que son épouse l’a quitté, il a du mal à exercer son autorité sur des enfants, dont il est privé une semaine sur deux. D’autant que ceux-ci se laissent séduire par le nouveau compagnon de leur mère. Claude ( Céline Peret) est une maman revenue de ses illusions. Déçue par l’ingratitude de sa fillette et rongée par la culpabilité, elle reproche à son mari (Sébastien Fayard) de n’être qu’un "papa Disney". Accusation fausse, selon Bruno : sa femme noircit le tableau. C’est pour la soutenir qu’il l’accompagne dans cette démarche intéressante. Maria ( Laurence Warin) a trois enfants. Bien que son aîné soit dyslexique, c’est une mère épanouie, très souriante. Elle lit Françoise Dolto et espère que son expérince sera utile.
S’’adressant parfois au public, les protagonistes dévoilent des secrets cachés au groupe. Le hasard semble avoir joué un tour à Bruno et Claude, en les précipitant dans une union teintée de dépit. Il a fallu qu’elle le largue pour que Jacques tombe amoureux de sa femme. En observant les attentions du chevalier servant de Claude (qui n’était pas Bruno), Maria a senti disparaître son pouvoir de séduction. La maman avait escamoté la femme.
Durant plusieurs séances, ces parents pleins de bonne volonté appliquent "des techniques". Avec une liberté et une maladresse qui transforment ces prises de paroles en fiascos, souvent cocasses. Pressé de questions par Jacques, Bruno perd ses moyens. La gifle, que Claude, excédée, a donnée à sa petite Lucette, l’amène à subir les foudres d’un tribunal. Le procédé suggéré par Maria pour juguler la violence est séduisant. Pourtant, en l’appliquant, les deux hommes en viennent aux mains. Pour maîtriser ce chaos, on fait appel à Françoise (Morena Prats), une experte en psychodrame analytique. A partir d’un mot puis d’un objet symbolique, chaque participant est amené à se mettre à la place de l’autre. Un exercice physique débouche sur une confrontation avec soi-même. La rigueur, avec laquelle Françoise mène le jeu, provoque des déclics qui révèlent des failles et promettent des éclaircies. Malgré sa froideur apparente, elle est ouverte et sincère. Ainsi elle n’hésite pas à surprendre Maria, en lui confiant sa volonté de ne pas avoir d’enfant.
Thibaut Nève et Jessica Gazon ont trouvé le ton juste pour nous sensibiliser aux problèmes de l’éducation. Pas de didactisme ni de caricature. L’esprit pointilleux de Jacques, la candeur de Maria et le piétinement du groupe nous font rire, mais on se sent proches de ces parents aux abois. Ils nous touchent par leur fragilité, leurs désillusions et leur volonté de s’en sortir. Comme eux, nous sommes perturbés par les conseils contradictoires, diffusés par les magazines et matraqués par la pub. Sans proposer de solutions miracles, "Les Petits humains" nous incite à écouter plutôt les vérités cachées dans les contes de fées. Bien sûr, l’amour parental est indispensable à l’épanouissement de l’enfant. Mais s’il est inconditionnel, il devient une source de frustrations pour le parent qui se sent coupable et un frein à l’autonomie de l’enfant. Celui-ci doit pourtant apprendre à voler de ses propres ailes et assumer son "Héritage". Comme le lui conseille Benjamin Biolay.
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