Les Nuits Blanches

Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 19 au 30 mars 2013
Horaires
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+32 2 219 60 06

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Les Nuits Blanches

Un homme – un rêveur - nous raconte un souvenir : L’histoire de sa rencontre avec Nastenka. Nastenka habite depuis toute petite chez sa grand-mère. Ce soir, sur un pont, elle attend quelqu’un – l’ancien locataire de sa grand-mère parti un an auparavant à Moscou. Ils se connaissent à peine, mais se sont promis de se retrouver après une année et de se marier. C’est sur ce pont que le rêveur fait la connaissance de la jeune fille. Durant quatre nuits, ils apprennent à se connaître. Malgré l’interdiction de Nastenka au rêveur de tomber amoureux d’elle, une complicité s’installe entre eux. Jusqu’où peut nous amener notre imagination ? Est-elle une manière d’interroger le moment présent ? de le réinventer ? de l’améliorer ? Ou bien est-elle une fuite ? un refus de s’engager dans le « tourbillon de la Vie » ? Les Nuits Blanches. L’histoire pathétique d’un rêveur qui rencontre – peut-être – l’amour de sa vie. L’histoire drôle et tragique d’une jeune fille qui n’est - peut être - que le fruit de l’imagination d’un rêveur. Les Nuits Blanches. L’histoire anti-romantique d’un amour entravé et/ou sublimé par les méandres de l’imagination. Deux points de vues qui s’opposent. Deux visions qui s’affrontent.

En coproduction avec le théâtre de la Vie, Reste Poli Productions propose un spectacle frais, nerveux, actuel, à l’image de l’écriture de Dostoïevski. Un spectacle qui s’adresse notamment aux adolescents. Adaptation et mise en scène Olivier Lenel / Traduction Katia Vandenborre / Assistante à la mise en scène Valentine Lapière / Création musicale Julien Lemonnier et Felix Ulrich/Avec (en alternance) Marie du Bled, Barbara Van Dievel, Nicolas d’Oultremont, Simon Hommé, Vincent Huertas, Mikaël Sladden

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1 Message

  • Les Nuits Blanches

    Le 21 mars 2013 à 11:30 par Alexei

    Pour une fois, je vais parler un peu du lieu où je tiens à souligner le très bon accueuil qui a été fait à ma grande surprise. L’endroit est chaleureux bien que trop simple (pas de décors) ce qui en fait un peu son défaut malheureusement. Et vu qu’il s’agit de l’histoire d’un songe (et bien cela fait un peu terre à terre vu le manque de décor).

    Je dirai que cette histoire ne m’aura pas fait rêver et bien sûr on s’interroge sur cette fille. Est-elle réelle ou fait-elle partie d’un des rêves de cet éternel rêveur. Un rêveur éveillé. Pour ma part, j’ai ma petite idée mais je vous laisse vous faire votre opinion sur la question.

    Quant à la fille, elle est sans doute rêveuse aussi d’aimer une personne qu’elle ne connait à peine et donc l’idéalise. Donc encore un songe. Et quelque part, celle-ci s’éloigne comme un doux rêve de nôtre réveur.

    Après, bien que je pensa voir compris la pièce je n’ai pas réussi à me faire prendre par celle-ci. Je n’ai pas accroché malgré tous mes efforts pour. Il manque quelque chose mais je ne saurai quoi.

    Je tiens à également préciser que la pièce est très très courte. A peu près une heure.

    Dernière chose : le rôle masculin ressemble selon moi pas mal à Jim Carrey même dans la façon de jouer.

    Voilà j’espère avoir été assez complet pour les personnes qui prendront la peine de me lire et je dirai en conclusion que c’est pas une pièce que je conseillerai. Pas assez accrocheuse.

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Vendredi 29 mars 2013, par Dominique-hélène Lemaire

Un Rêveur sombre dans la raison

« C’était une nuit de conte, ami lecteur, une de ces nuits qui ne peuvent guère survenir que dans notre jeunesse. Le ciel était si étoilé, le ciel était si clair que lorsque vous leviez les yeux vers lui, vous ne pouviez, sans même le vouloir, que vous demander : Est-il possible que, sous un ciel pareil, vivent toutes sortes de gens méchants et capricieux ? »

Le monde appartiendrait-il aux rêveurs ? On le souhaiterait bien sincèrement ! Le tout jeune metteur en scène Olivier Lenel rêve lui d’un renouveau théâtral. Il entre en compagnie de la traductrice Katia Vandenborre dans le vif du texte russe du roman, sans passer par une traduction figée par des droits d’auteur. De concert, poétiquement soutenus par la création pianistique de Julien Lemonier et Félix Ulrich, ils transposent ensemble l’essence russe du roman en dialogues scéniques vivants, étonnamment modernes. Cela implique un gommage de l’esthétique romantique de la traduction existante, et la capacité de renouer avec la puissance et la force des mots bruts. Réinventer une ponctuation syncopée qui colle à cette tragi-comédie et fabriquer une oralité étourdissante. Entrer dans les représentations mentales des personnages, les pousser à bout et les faire exploser comme cela explose les nuits de printemps…

C’est l’histoire d’un homme qui se surnomme le Rêveur. Une nuit, il se souvient. Il rencontre la bondissante Nastenka (Marie du Bled) qui lui raconte sa réclusion sous le toit d’une grand-mère abusive, son attente fiévreuse d’un fiancé, son rêve de bonheur inaccessible. Ému pour la première fois de sa vie, le rêveur se laisse aller au rêve de l’amour et finit par se déclarer quand ledit fiancé ne revient pas le jour dit. Faute de mieux, Nastenka, affolée de ne pas voir revenir le chevalier de ses rêves, vire de bord et accepte la déclaration d’amour du Rêveur. Un amour désintéressé, idéal, qui célèbre le total oubli de soi et le bonheur de l’autre. Fugace instant de béatitude : le Rêveur et Nastenka soudain se rejoignent, le bonheur est presque là, parfait comme dans un rêve. Puis la réalité fracasse soudainement ces minutes d’éternité car la capricieuse Nastenka s’est jetée dans les bras du fiancé venu enfin la rechercher. Nastenka, cruelle et inconsciente, ingénue et égoïste daigne garder son amitié pour le Rêveur éconduit.

Le Rêveur alors doit choisir : s’installer dans la minute rêvée ou accepter de vivre avec la réalité. Il est reconnaissant qu’un moment de grâce ait illuminé sa vie. Life is but a dream, “a dream within a dream” dirait Edgar Poe. La réalité beaucoup moins belle et beaucoup plus triste a réveillé l’artiste rêveur en sursaut mais au fond de lui, il garde son trésor. « Petit poucet rêveur, j’égrenais dans ma course… des étoiles. » La jeune dame exaltée a fui vers son inaccessible étoile, sera-t-elle heureuse pour autant ? Le rêveur a laissé couler les grains d’or dans ses mains et garde, par l’écriture, le souvenir de son éblouissement.

Les scènes, oniriques et sombres, sont d’un réalisme étonnant vu le contexte et l’absence de décor, à part le mur de briques où va s’écraser le rêve en question. Les émotions s’enchaînent comme dans une partition musicale. Les confessions chaotiques commencent tout doucement et s’enflent en paroxysmes fantastiques. Plusieurs interprètes du Rêveur, modulent de soir en soir le texte du Rêveur autour de la jeune ingénue. Nous avons vu Vincent Huertas, fascinant par la mobilité de ses émotions et la variété de son jeu. Les débordements de l’imagination sont un ferment de bonheur. Foin de romantisme lourd et lent, le texte est haletant, rythmé, saccadé par les émotions. Les crises de larmes et les trépignements d’impuissance, l’hypersensibilité et l’immaturité de la jeune fille, sonnent juste aux oreilles de l’an 2000. La musicalité française de la langue capte les émotions et les projette comme des claques. Le Rêveur sera frappé de stupeur. Le spectateur aussi, par la dernière scène bouleversante et la théâtralité de la mise en scène. C’est grave pour un cœur formidablement enthousiaste, de devoir ravaler son rêve. Que le rêve soit russe ou qu’il soit autre.

Dominique-Hélène Lemaire

Théâtre de la Vie