Les Falaises
L’histoire se déroule sur trente-cinq années, des années 80 à nos jours. Bozec, Bruno, Claude, Denis et leur chef travaillent dans un commissariat désuet d’une petite ville de province, au bord de l’océan. Un jour, le commissaire disparaît. Que devient-il ? Et pourquoi les autres restent-ils tous là ? Plusieurs fois par jour, ces personnes se croisent dans le couloir, travaillent, discutent, rêvent et se confient. Ce n’est pas le rythme intense qui habite les commissariats des séries télévisées. Aucun prisonnier, aucun avocat, aucun interrogatoire. La tension ne se situe pas sur une affaire policière, mais se concentre sur l’histoire interne et privée des personnages, sur la vie de tous les jours. Dans ce récit-chorale, les angoisses, les doutes, les questions, les mensonges, les amours, les trahisons, les manques et les objectifs ratés des personnages passent et repassent comme le temps.
Les Falaises est le premier spectacle d’Antonin Jenny. Entouré de la même équipe depuis l’école – Alice De Cat à la lumière et Charles-Hippolyte Chatelard à la scénographie –, il porte une démarche novatrice, esthétiquement très étudiée. Antonin déplace le réel, par petites touches temporelles et rythmiques, le magnifie comme une œuvre d’art, inquiète et drolatique. Il mélange sans arrêt les codes : comédie, absurde et tragique s’entremêlent. En détournant le genre policier et en déplaçant l’endroit de la tension, il bouleverse les attentes des spectateurs. La pièce dresse une cartographie des relations réelles et fantasmées au travail, ou comment l’intime se fraie un chemin au sein d’un groupe de collègues.
Distribution
Avec Tom Adjibi, Sacha Fritschké, Antonin Jenny, Maya Lombard, Anne-Marie Loop, Thomas Noël
Création lumière : Alice De Cat
Scénographie : Charles-Hippolyte Chatelard
Création costumes : Lily Sato
Mise en scène : Antonin Jenny
Création son : en cours
Jeudi 30 janvier 2020,
par
Catherine Sokolowski
35 ans dans un commissariat !
Les relations humaines sont à l’honneur de ce spectacle intimiste qui se déroule dans un commissariat de province. Les personnages vont et viennent dans les bureaux comme dans le temps puisque la pièce se déroule sur 35 ans avec pas mal d’allers-retours. Tout se passe dans le couloir principal du commissariat mais aussi dans les pièces adjacentes, qui restent pourtant invisibles aux yeux du public. A travers les dialogues, souvent absurdes, on découvre les sentiments des uns et des autres alors que leur mission est reléguée en toile de fond. Plantée dans un magnifique décor, une étude intéressante et originale des relations entre collègues.
Au départ, le spectacle s’appelait « Le commissariat » et se déroulait dans un couloir de l’INSAS, il a été créé dans le cadre d’un travail de fin d’étude. Du couloir de l’INSAS, la compagnie Fany Ducat est passée à la scène du théâtre des Tanneurs mais le couloir est toujours là. L’ambiance d’un commissariat de province est parfaitement reconstituée. Le gris est à l’honneur. Pour la compagnie, le lieu est important, il sert de support à l’imagination, ceci explique sans doute le soin apporté au décor, très esthétique.
Les jours défilent. Bozek (Maya Lombard/Anne-Marie Loop), Bruno (Antonin Jenny), Claude (Tom Adjibi), Denis (Thomas Noël) et leur chef (Sacha Fritschké) discutent de leur travail mais aussi de leur vie privée. Leur mission consiste à exfiltrer Olivier. De cette mission, on ne saura rien ou presque, ce n’est pas le sujet. Par contre, des personnages, on apprendra beaucoup plus, au travers de nombreux flashbacks et d’évènement ponctuels qui viennent perturber la vie de ce commissariat de banlieue.
Si l’aspect technique est parfaitement maîtrisé (notamment la lumière, importante pour différencier le jour et la nuit et simuler le défilement du temps mais aussi les hors-champs avec ces bureaux que le public ne voit jamais) et malgré que le thème du spectacle soit terriblement humain, il ne faut pas s’attendre à être profondément touché par ces personnages au comportement volontairement froid et un peu artificiel. Ce n’est pas le but. Nourrie d’allers-retours, de dialogues absurdes et d’interrogations, la pièce laisse aussi beaucoup de place à l’imagination. Un premier spectacle original dont on retiendra les points forts. Une jeune compagnie à suivre.
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