Igifi. Olivier Coyette, auteur, comédien et metteur en scène à l’énergie redoutable, a le mérite d’être le seul à avoir exploré la contrainte littéraire liée au titre du spectacle, puisqu’il est le seul, en effet, dont le monologue théâtral exploite les caractéristiques et la matière propres au conte. Malheureusement, malgré ses charmes de parabole africaine décalée, le récit s’émiette vers la fin et l’interprétation de Diogène « Atome » Ntarindwa aurait nécessité davantage de précision et de coffre pour que cette faille fût comblée.
Trafic d’héroïnes. Ce début en demi-teinte est rapidement compensé par l’entrée en scène d’Isabelle Wéry qui interprète avec force et énergie le rôle d’une jeune mère célibataire, dépressive et surmenée (inventée par Karin Clercq) bien en peine de trouver le costume de super-héroïne grâce auquel elle pourra faire fureur le soir même. La mise en scène de Daniela Bisconti ne manque pas de couleurs mais on peut regretter le jeu par trop hystérique dans lequel elle a poussé la comédienne et qui nous empêche d’être sincèrement émus par le personnage de la désoeuvrée Barbareva.
Spiderman. Il faut attendre la fin de l’entracte pour éprouver pleine satisfaction. Rien, dans ce troisième volet, ne peut vraiment décevoir, ni le texte drôle, cynique, satirique et triste du confirmé Thomas Gunzig, ni le jeu équilibré et émouvant d’Itsik Elbaz, ni la mise en scène juste et discrète d’Alexandre Drouet. L’auteur tire toutes les ficelles de la figure de l’anti-héros et brassant les références socio-culturelles des Belges trentenaires avec virtuosité, il crée un personnage au profil aussi typé qu’inimitable.
Extrait d’ordinaire. L’excellent Philippe Jeusette souffre certainement d’être en fin de rang, d’autant qu’après Spiderman, le spectateur ne s’attend sans doute plus à mieux. S’il est vrai que le texte de Kenan Görgün dénote – il choisit la figure christique comme source d’inspiration -, il n’innove pas pour autant. Le monologue est bien construit, la mise en scène de Michel Bernard ponctuée d’images efficaces, mais un souffle de « déjà-vu » tant dans la thématique que dans son traitement empêche le monologue d’accéder à sa pleine qualité.
Mises côte à côte, ces quatre prestations, si elles ne manqueront pas d’en séduire certains, composent donc un tableau peu homogène. Le concept même de la soirée y perd de sa validité : in fine, le spectacle semble relever davantage de l’esquisse ou de la tentative que du produit fini.
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