Dans ce spectacle, présenté au festival Off d’Avignon cet été, l’humour omniprésent habille le drame d’un manteau de pudeur. Il faut voir Andréa transformée en professeur de danse classique, dotée d’un délicieux accent chantant, rappeler à un jeune garçon que dans la fleur, il y a le pistil, masculin, et qu’il peut dès lors participer à la danse des fleurs !
La danse, fil rouge du spectacle, a permis à Odette de s’en sortir. Et c’est ce qu’elle tente d’expliquer lors des extraits de séance chez la psy, toujours profondément marquée à 30 ans. « Comprends ma danse. C’est comme ça que ça sort ! », explique-t-elle à sa mère, lors de ces rencontres avec un passé qu’elle tente d’objectiver face une mère qui refuse d’admettre sa passivité coupable.
Le rêve aussi la transporte, et parfois rencontre le présent dans un subtil discours avec ses fantasmes. Dans sa chambre, elle imagine que son père vient la protéger, et plus tard, à l’internat, Noureev quitte son poster pour la réconforter. L’imagination ne la quitte pas et accompagne la danse dans son processus salvateur jusqu’au procès, une quinzaine d’années plus tard, dont elle avait espéré beaucoup, mais qui ne sera qu’une étape dans cette longue traversée vers le pardon.
Alternant les rôles à la vitesse de l’éclair, Andréa devient commissaire de police, Gilbert ou meilleur ami de la cité, avant d’incarner sa propre mère, de devenir chorégraphe de danse porno ou nombre d’autres rôles qu’elle incarne à merveille. La mise en scène orchestrée par Eric Métayer soutient le récit avec intelligence. Seule une chaise meuble la scène, aussi nue que la réalité qu’elle évoque. Certain se poseront la question de l’autobiographie du récit. Mais l’universalité du propos prend incontestablement le pas sur l’expérience personnelle, rendant la question superflue. Une prestation transdisciplinaire qui ne laissera personne indifférent, comme en témoigne l’émotion palpable partagée par Andréa et son public au moment des acclamations. A ne pas manquer.
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