Intégré à ce « Voyage », le projet Feel the music vise à sensibiliser les jeunes malentendants à la musique. Avant le début le concert, les musiciens ont ainsi proposé à des jeunes malentendants bruxellois une série d’activités autour de la musique. Invités à ressentir les vibrations émises par les instruments, ces adolescents ont pu approcher le grand piano de la salle Henry Le Boeuf, le toucher et même y jouer. Ils ont également assisté à la répétition de l’orchestre au cours de laquelle ils ont pu même s’essayer à la direction ! Un atelier de peinture fut également organisé, initiant ces jeunes à la création d’œuvres inspirées par leur expérience musicale. Enfin, ceux-ci ont naturellement assisté au concert du soir. Après le dernier accord, tous se sont levés pour tourner leur poignets de droite à gauche en écartant les doigts, applaudissements silencieux mais tellement énergiques !
Cette idée du partage de l’expérience musicale s’est également retrouvée lors du concert. En effet, l’absence de chef d’orchestre semble avoir stimulé l’écoute et la communication visuelle entre les musiciens de l’orchestre. Le sentiment qui se dégageait du groupe était celui d’une cohésion forte, née du désir commun de faire de la musique ensemble. La décision du pianiste de se retrouver au centre de la scène, face à son orchestre, semble d’ailleurs contribuer à cette même volonté de créer une œuvre commune, où l’individualité s’efface au profit de la musique seule. Propre à la forme du concerto, l’affrontement entre le soliste et l’orchestre et le fossé qui en résulte parfois n’étaient ainsi pas de mise. Les accolades des musiciens à l’issue la représentation constituent probablement l’image la plus parlante de cet esprit de groupe si nécessaire à l’interprétation d’une œuvre pour ensemble.
Le programme musical de cette soirée était divisé en deux parties plus ou moins semblables. Chacune a débuté par une œuvre d’Igor Stravinsky : le Concerto en ré tout d’abord, et ensuite l’Octuor pour instrument à vent. Les deux grandes parties de l’orchestre étaient donc représentées, apportant un contraste de timbres intéressant. Les premier et troisième concertos pour piano de Beethoven ont suivi successivement chacune des deux pièces de Stravinsky. Le clavier face au public, les spectateurs ont ainsi pu admirer la virtuosité du pianiste. Lorsque ses mains n’étaient pas occupées, Leif Ove Andsnes dirigeait l’orchestre de son piano. Quand il jouait, ses mouvements de tête et sa respiration permettaient aux musiciens de s’accorder rythmiquement. Une performance qui a ravi le public, à en croire la standing ovation – devenue presque habituelle au Music Marathon ! Comme si ce n’était pas assez, le pianiste nous a offert en rappel l’Allegretto de la Sonate pour piano op. 54 de Beethoven : une pièce endiablée achevant ce concert en apothéose ! Après ce beau spectacle, le pianiste, extrêmement généreux, est retourné sur scène pour participer à une interview publique (le meet&greets) avant de signer une série de dédicaces à ses admirateurs...