Une jeune femme, Vanda, avait un amant, Yvo. Mais Yvo est mort, assassiné, elle raconte : « Yvo pendu à la branche de l’arbre ». Et Vanda, après avoir subi de nombreuses agressions se retrouve parquée avec sa fille dans un recoin d’un centre de rétention parce que même là, il n’y a pas de place pour elles. « Rétention », en voilà un drôle de nom.
La jeune maman raconte sa vision du monde à Belette, son bébé qui n’a pas de nom : « pas de nom, un nom, ça a une histoire ». La conclusion est tragique « Ne rien te laisser… C’est la seule chose que je puisse te donner ». La mort comme ultime message d’amour.
Un décor réduit à un pilier, un bébé qui crie, une maman qui n’a plus de larmes pour pleurer peut-être parce que « tous les hommes naissent avec une provision de larmes, le même nombre prévu pour tous, et il y en a qui ont vite fait d’épuiser leur stock. »
Une histoire tragique, un chagrin palpable mais beaucoup de retenue et de poésie. Le bonheur était là, « être mangé par le vent ou par un baiser », mais il a disparu. Et la jeune femme tire sa révérence, lucide mais pudique. « Le gros, le sec et le chauve » lui ont fait beaucoup de mal, comme beaucoup d’autres gens, mais elle ne cherche pas vengeance, elle se retire, avec dignité et même une certaine délicatesse, en laissant la place vierge à son enfant : « une vie neuve sans héritage ». Un spectacle en phase avec l’actualité, de Lampedusa aux confins de la la Syrie en passant par toute l’Europe, à l’heure où les frontières se ferment malgré l’affluence des réfugiés : un rappel des valeurs essentielles. A méditer.
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