Avec un décor minimaliste fait de marchepieds en plastique, la mise en scène de Stéphane Arcas surprend. Support unique des témoignages bruts qui sont relatés, il évoque le labyrinthe de la vie de cette femme étonnante.
Florence et Cathy avaient un point commun, essentiel, elles habitaient la rue Pigalle. Cette connaissance approfondie du quartier confère au travail de Florence une valeur supplémentaire. C’est d’ailleurs le fils de l’actrice qui a baptisé Cathy « Le petit chaperon rouge » quand il avait 3 ans. Leurs histoires sont imbriquées dans la mesure où le récit de Cathy pousse Florence à s’interroger. A l’origine, les actrices n’étaient-elles pas, elles aussi, des prostituées ?
Sur scène, les témoignages se succèdent, interprétés par Florence mais aussi par Nicolas Luçon, second personnage ajoutant une dynamique aux évocations. Les enchaînements invitent à la réflexion tant sur le fond (féminité, injustices, rapport aux hommes, véracité du récit…) que sur la forme (qui parle ? de quoi ? lien avec le personnage principal ?).
Cathy aurait pu « s’en sortir » mais elle a choisi de continuer, devenant même tenancière de bar. « Ce qui me marque le plus dans la vie de Cathy, c’est ce que je ne sais pas d’elle » écrit Florence, malgré tout son travail d’enquête.
Le spectacle porte un regard bienveillant sur les prostituées, qui sont avant tout des femmes, et sur Pigalle qui n’est plus du tout le quartier qu’il était. Il s’agit aussi d’un hommage à une femme, à son courage et à sa force de vie. Petit bémol pour la mise en scène, trop ou pas assez épurée à notre goût et pour l’enchevêtrement des récits qui apporte parfois un peu de confusion. Globalement un spectacle très intéressant et une Florence Hebbelynck tout-à-fait convaincante.