Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 18 au 29 avril 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Les Tanneurs
rue des Tanneurs, 75 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lestanneurs.be
info@lestanneurs.be
+32 2 512 17 84

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Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

Durant le jour, et la nuit, et le jour, après la mort d’une femme, son fils, son mari et son frère commencent à apprendre à vivre sans elle.
Ils doivent prendre conscience de son absence et réagir à cette perte brutale.

Chacun des trois hommes se confronte à ses émotions et vit les choses de manière différente. Ils sont bousculés, s’épaulent, essaient de se sauver chacun à leur manière. Ils se croisent, se heurtent à leurs limites jusqu’à l’absurde et tentent de s’accorder et de se construire un nouvel équilibre.

Un texte bouleversant qui dénude une humanité douloureuse et délicate, qui touche la mort du bout des doigts tout en étant profondément ancrée dans la vie qui continue inexorablement. La mort reste un tabou dont il est difficile de parler et Esther Gerritsen relève l’exercice avec brio : elle réussit le dosage subtil d’une écriture scénique à la fois humoristique et pudique, acide et délicate.

David Strosberg met en scène ce texte touchant en s’entourant de quelques-uns de ses comédiens fétiches : Alexandre Trocki, Karim Barras et Philippe Grand’Henry, qui portent tous les trois le texte avec une grande finesse.

Texte Esther Gerritsen
Mise en scène David Strosberg
Avec Karim Barras, Philippe Grand’Henry et Alexandre Trocki
Scénographie et lumières Stef Stessel Costumes Lies Van Asche

Une production du Théâtre Les Tanneurs

Distribution

Esther Gerritsen / David Strosberg

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1 Message

  • Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

    Le 26 avril 2017 à 09:16 par MarcD

    Une femme meurt et la scène est partagée entre son mari, son frère et son fils.
    Un texte incroyable d’Esther Gerritsen, magnifiquement porté par la mise en scène et le jeu des acteurs.
    La lourdeur de la situation est amenée avec précision, la tension, l’impossibilité de communiquer, les propos absurdes, les engueulades, tout ce que nous savons bien être lié à ces moments de vie.
    Savoir dire, savoir se taire, savoir écouter savoir raconter, se faire raconter, pardonner.
    Une pièce sur trois hommes terriblement imparfaits et attachants, une pièce sur l’humain.
    Une formidable réussite.

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Dimanche 23 avril 2017, par Jean Campion

Apprivoiser l’absence

Durant deux jours et une nuit, trois hommes essaient d’apprivoiser l’absence : celle qui était une épouse, une mère, une soeur n’est plus là. Privés de ce lien, ils voudraient se réconforter. Mais prisonniers de leurs émotions, de leurs sentiments enfouis, ils ne savent pas quoi se dire et s’affrontent violemment. Une situation tragique, dans laquelle Esther Gerritsen nous plonge, avec subtilité et un humour surprenant. Simon a beau disposer de pouvoirs extraordinaires, il est tout aussi démuni et fragilisé que le père et le fils.

C’’est un super-héros utile, mais qui ne fanfaronne pas. Rattraper au vol un bambin tombant du quatrième étage ou faire rater le train qui aura un accident sont des "activités de sauvetage relativement modestes". Cependant elles protègent l’humanité contre le fatalisme et "rétablissent l’équilibre dans le monde, entre un réalisme de bon aloi et un optimisme de première nécessité." Malheureusement, il lui est interdit d’exercer son beau métier dans le cadre de sa famille. Simon aurait préféré être menuisier... Un regret qui provoque les ricanements de son neveu. Révolté par une mort qu’il n’admet pas, cet écorché vif ne supporte pas le cirque du deuil. Pas question de déplacer le corps, pour faciliter les visites. Avec une ironie grinçante, il décrit son père qui "appelle le monde ". D’abord le docteur, pour qu’il confirme qu’elle est bien morte. Puis les gens à ne pas oublier : la voisine, ses amies de la classe de poterie, sa tante d’Ostende...etc. Mari consciencieux, il s’efforce de respecter les souhaits de sa femme. Quand il propose de fixer l’enterrement mardi prochain, le fils constate avec amertume : le jour de son anniversaire !

Ne pas fermer l’oeil de la nuit lui donne l’illusion d’arrêter le temps. En revanche, après un sommeil court mais réparateur, son père revit, devant les champs recouverts de rosée, au petit matin. Il a soutenu, comme il le devait, son épouse, durant la maladie. Maintenant, on ne peut plus rien pour elle. Les silences pesants et les regards pleins de rancune suggèrent le fossé qui sépare les deux hommes. Pourtant, ils ont besoin de se parler. Des échanges apaisés et d’autres violents. Comme cette attaque du fils qui accuse son père de n’avoir jamais su exprimer ses sentiments. Ils en viennent même aux mains et le père, qui a pris le dessus, se moque du "petit prince sparadrap ". Un peu après, il prétendra que sa femme le considérait comme "un homme très sensible". Les adversaires se défient, se cherchent, se déchirent, tentent de s’accorder...

Jusqu’au bout, le fils inconsolable boycotte l’enterrement conventionnel. Simon aussi refuse d’y assister. Lui, qui se bat contre la misère du monde, est mal à l’aise, face à ce symbole de l’échec. Un état d’âme qui exaspère le veuf : la misère du monde était chez eux ! Incarnée par la maladie de sa femme. Simon était un grand frère qui obligeait sa soeur à finir ses épinards. Devenu sauveur, il a dû l’ignorer. Comment s’occuper à la fois de ses proches et du monde ? Cette question, comme celle des limites de la communication, traverse la pièce.

Mêlant adresses au public et dialogues, Esther Gerritsen décortique avec beaucoup d’acuité les rapports entre ces trois hommes. Elle souligne leur difficulté à dévoiler leurs faiblesses, dans un texte âpre, teinté d’humour. Le père et le fils n’ont pas de nom ni de profession. Le décor, tout aussi neutre, fait appel à l’imaginaire du spectateur. En jouant sur les silences, les changements de rythme et de ton, les distances, David Strosberg, le metteur en scène, a orchestré avec finesse cette "partition musicale déjà très forte". Dans sa combinaison blanche, très moulante, marquée d’un S, Simon suscite plus de perplexité que d’enthousiasme. Ce superman, qui a du mal à prendre son envol et qui se blesse maladroitement, est un peu risible. Alexandre Trocki en fait un homme simple, honnête et désarmé. Sous la dérision et l’agressivité, Vincent Hennebicq laisse percer la douleur d’un fils, malade de chagrin. Anxieux, le père, incarné par Philippe Grand’Henry, se raccroche à son devoir et à des souvenirs rassurants. Le talent de ces trois grands comédiens rend le huis clos captivant.

Jean Campion

Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort

Le jour, et la nuit, et le jour, après la mort from Théâtre Les Tanneurs on Vimeo.

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