"Le dernier Roi des Juifs" de Jean-Claude Lattès, Editions NIL
Jean-Claude Lattès n’est pas seulement l’éditeur dont nous rendons compte ici des romans qu’il publie. Il nous a offert déjà l’occasion de le découvrir écrivain et nous donne à lire ici le fruit de plusieurs années de son travail d’historien.
Dans un ouvrage qui se lit comme un roman, il nous retrace la vie d’Hérode Agrippa 1er, le "dernier Roi des Juifs". A travers la biographie de celui qui ne régna sur la Judée que 4 ans (de 41 à 44 ), il nous brosse le portrait d’un demi siècle (Agrippa vécut 54 ans de -10 à 44 après Jésus-Christ). En toile de fond de cette existence hors du commun, se déploie une fresque du Moyen Orient où cohabitent dans leurs cultures et traditions respectives et contradictoires, les Egyptiens, les Grecs et les Juifs. L’occident chrétien trouve son origine dans cet entrelacement de la pensée grecque, de l’histoire égyptienne, de la puissance romaine et du monothéisme juif.
Agrippa, petit-fils d’Hérode a côtoyé quatre empereurs romains. Il a été formé par un philosophe Philon d’Alexandrie (dont l’éditeur Jean-Claude Lattès nous promet de ré-éditer les écrits dans la collection "Bouquins"). L’écrivain a puisé dans les chroniques de l’historien, contemporain d’Agrippa, Flavius Josèphe, mais aussi dans Sénèque et d’autres livres qu’il nous donne envie de lire. Car ce livre est aussi un livre-bibliothèque qui promet autant de bonheur de lecture qu’il en donne.
Edmond Morrel
La première biographie d’un oublié de l’Histoire : Agrippa, le dernier roi des Juifs.
On connaît son grand-père Hérode (célèbre grâce aux Évangiles), sa fille Bérénice (célèbre grâce à Corneille et Racine), son maître le grand philosophe Philon d’Alexandrie, mais l’Histoire a passé sous silence Agrippa. Pourtant, Marcus Julius Agrippa fut le dernier roi à avoir régné sur la Palestine et à avoir fédéré la diaspora juive de l’Empire romain, bref le dernier roi des juifs. Son règne fut court (39-44) mais une parenthèse heureuse : à sa mort, la Palestine se désagrège, un million de juifs périssent dans la guerre avec Rome, Jérusalem est détruite, le judaïsme s’efface devant le christianisme.
Tour à tour adulé et haï, libertin et escroc, craint et pourchassé, riche et ruiné... la vie d’Agrippa est un roman. Ou plutôt oscille entre la comédie et la tragédie. Il est élevé dans le faste du palais d’Hérode, grand-père fascinant et cruel qui assassinera le père d’Agrippa. Il passe une partie de son enfance et son adolescence à Rome ou il s’encanaille avec Drusus le fils de l’empereur Tibère. Quand Drusus succombe à ses excès, Tibère accuse Agrippa d’avoir débauché son fils. Désavoué, il se réfugie à Malatha, dans le désert d’Idumée, ou, isolé et ruiné, il tente de mettre fin à ses jours. Puis il se cache à Alexandrie, ou Philon devient son maître et lui enseigne le sens et la valeur du judaïsme. Quand, après un long règne, Tibère meurt, Caligula monte sur le trône et nomme Agrippa roi de plusieurs provinces de Palestine. Un retour en grâce de courte durée car Caligula et Agrippa ne tardent pas à s’affronter au sujet des juifs dans l’Empire romain. Agrippa perd une nouvelle fois la confiance de l’empereur. Il devra attendre le couronnement de son ami d’enfance, Claude, pour réaliser son rêve : régner sur la Palestine, un royaume plus grand qu’Israël aujourd’hui, peuplé de plus d’un million de juifs. En 41, Agrippa entre triomphant par la porte de Jaffa dans le Temple de Jérusalem. Les juifs, pour la première fois depuis Hérode, et pour la dernière fois, ont un royaume et un roi. Mais pas pour longtemps car en 44, Agrippa meurt empoisonné.
Première biographie de ce personnage central de l’Antiquité, Le dernier roi des juifs se lit comme un grand roman d’aventure, au coeur du premier siècle.