La recette ? Nicolas Briançon à la mise en scène (il en avait fait un triomphe à Paris en 2018) ; Michel Kacenelenbogen, le directeur du Public, dans le rôle du machiavélique mari cocu ; Charlie Dupont dans le rôle de l’amant qui reprend pour l’occasion son accent bruxellois de Serge dans "Il était une fois, une fois"(en alternance avec Fred Nyssen) ; Tania Garbarski, la séduisante épouse trompée en quête de revanche ; Laure Godisiabois, une gouvernante au déhanché suggestif et Marina Pangos, la secrétaire arriviste à la démarche cadencée et sautillante, le tout sur fond sonore de "Stand by Me" de Ben E. King.
Attention : on frappe les 3 coups (comme en ’60)
L’intrigue ? Hugh Preston, vedette de la BBC, bon vivant, cultivé et grand amateur de whisky ("Je descends d’une vieille famille écossaise qui a toujours réussi à vendre du désherbant pour du whisky millésimé") est marié depuis 15 ans à Liz qu’il aime profondément tout en ne se privant pas d’aventures extra-conjugales. Un vendredi soir, au cours d’une partie d’échec, il lui fait avouer qu’elle a un amant. Liz dévoile alors qu’elle compte quitter le domicile conjugal le dimanche même pour un voyage en Italie avec son amant.
Hugh, imperturbable, se montre étonnamment fair-play blessant l’amour propre de Liz. Il lui propose d’inviter son amant pour le WE, histoire de prendre les torts à sa charge ("Un divorce n’est pas une surprise-party, cela s’organise"). Pour rendre le stratagème crédible, il se fera prendre en flagrant délit d’adultère avec Patty Pat, sa secrétaire qui sera elle aussi de la partie durant ce WE sulfureux ("Ce doit être très humiliant pour une femme d’être mariée à un cocu"). Car Hugh n’a pas l’intention de faire la part belle à l’amant de sa femme (sauf en apparence). Tel un brillant joueur d’échec, il sait diaboliquement déplacer les pions sur l’échiquier de la vie.
Pièce de réparties, "Le canard à l’orange" n’a rien perdu de sa saveur. Réunissant tous les ingrédients d’un théâtre de boulevard de qualité, elle soulève l’enthousiasme d’un public en quête de divertissement et de rire franc après une longue période de disette.
Le Public ne se prive pas du plaisir de nous plonger en pleine période "Golden Sixties" avec des décors et des costumes d’époque, une environnement sonore choisi et entraînant pour cette comédie excentrique aux accents de liberté des années folles que furent les années soixante.
Comique de situations et de répliques, le succès d’une telle pièce repose sur le talent des comédiens et ici encore pas de fausses notes. Tous les interprètes sont en parfaite fusion pour tenir le rythme de cette cavalcade de boutades et d’entourloupettes qui emportera les protagonistes déboussolés dans un virage à 180 degrés.
Un spectacle irrésistible en ce début de période festive.
Palmina Di Meo
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