Une douzaine de cadavres enveloppés dans des couvertures jonchent le sol sur lequel sont alignés des pelles et des casques. La terre est ravagée par une catastrophe aux origines inconnues. Les animaux et les plantes disparaissent, quelques humains survivent. Pas de bol, les trois que nous voyons ici sont des fossoyeurs. Sommes-nous le lendemain ou la veille de la fin du monde ?
Insecte coléoptère coprophage, la bousier naît dans les excréments, y vit, y pond et les mange. Il doit son nom à son mode de vie dans les prés proche du bétail. Il glane bouse et crottins dont il fait une grosse boule, qu’il fait rouler pour l’emmener avec lui jusqu’à son terrier. Fascinés et amusés par l’animal qui se promène près d’eux, es fossoyeurs adoptent ce scarabée chargé de sacré et de mythologie. Mais l’un d’eux, distrait, écrase le coléoptère pourtant porteur d’espoir puisqu’il vit, survit, dans la merde.
Après un long et lent effondrement d’un monde qui a surexploité les ressources de la planète, il est évident qu’il faut inventer de nouvelles choses. Un avenir peut naître des alliances possibles entre l’humanité et le reste de la nature. Le bousier montre à sa manière que rien ne se perd, tout se transforme. L’incident va déclencher une mystérieuse mutation.
« Le Bousier » est la toute première création du Collectif Animals composé de Coralie Vanderlinden, Cyril Briant et Laurent Caron. Le texte de Thomas Depryck est mis en scène par Sebastien Chollet tandis que la chorégraphe Nicole Mossoux prête son regard et l’accompagnement artistique dans l’élaboration de matières gestuelles.
Fable fantastico-écologique, la pièce fait appel à différents outils artistiques visuels, sonores, verbal, corporel ainsi qu’à des marionnettes à hauteur d’homme. On y trouve des accents de Shakespeare (la scène des fossoyeurs qui s’interrogent sur la destinée des corps humains dans « Hamlet », Kafka (la métamorphose) ou encore Beckett pour son sens de l’absurde et son pessimisme face à la condition humaine. Objet chatoyant, notamment par le travail sur le son et la lumière, « Le Bousier » s’avère un peu léger au final, même si cette « première œuvre » dégage beaucoup de fraîcheur.
Didier Béclard
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