Riche Bourgeois et homme de cœur, Orgon offre l’hospitalité à son ami Tartuffe dont il admire la ferveur religieuse et les conseils avisés. Malgré les mises en garde de sa famille, Orgon ne tarit pas d’éloges sur la bonté et le sens des valeurs de cet imposteur qui ne manquera pas de le berner et de le déposséder sans le moindre scrupule.
Se livrant au jeu des apparences trompeuses et des faux-semblants, Le Tartuffe de Monique Lenoble prend place au cœur d’un décor épuré et simple au premier abord. Entourés d’une haute structure aux multiples portes et fenêtres cachées, les comédiens rendent hommage aux alexandrins de Molière qu’ils habillent avec élégance de coiffes et de costumes d’époque. Alors que l’intrigue se fait tumultueuse et que les esprits s’échauffent, chaque porte mystérieuse révèle au fur et un mesure une alcôve aux allures de débarras, de chambre, de bibliothèque ou de corridor.
À la fois délicate et inventive, la scénographie de Catherine Cosme reflète habilement les allers et venues des personnages aux caractères bien marqués, qui tentent de déjouer en secret les manigances de Tartuffe. Sans dénaturer l’intention de Molière de démasquer les faux dévots et de fustiger l’Église, Angelo Bison nous offre un Tartuffe plus sombre, complexe et retenu. Fin manipulateur et séducteur, prêt à toutes les bassesses pour obtenir ce qu’il désire, il personnifie toutes les facettes du vice et de l’hypocrisie.
À travers les thèmes divers de la croyance religieuse, de la cupidité, du mariage arrangé ou encore de l’abus de confiance, Monique Lenoble nous invite à nous interroger sur les images trompeuses et la mise en valeur du paraître dans la société actuelle. Enrichie d’une scénographie surprenante et d’une mise en scène classique, respectueuse de l’esprit moqueur de Molière, cette comédie indémodable dépeint avec finesse la difformité de la nature humaine, enlaidie par les attitudes fallacieuses et les paroles creuses.
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