Le Squat

Théâtre | Centre Culturel d’Uccle

Dates
Lundi 10 décembre 2012
Horaires
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Le Squat

De nos jours, dans le 16ème arrondissement de Paris, un appartement bourgeois est squatté depuis peu par un jeune couple marginal, Samir et Natacha. Grâce à la complicité de Manuel, le fils de la concierge, ils se croient tranquilles jusqu’au mois de mai. Mais les propriétaires, les soeurs Figeac, Jeanne et Maryvonne, débarquent sans crier gare et les découvrent. Maryvonne s’indigne et réagit violemment. L’intervention de Jeanne, pour une fois ferme et décidée, débouche sur une cohabitation forcée, fixée initialement à deux semaines. Comment ces deux mondes vont-ils se supporter ? Très actuel, cette excellente comédie, vivante et très drôle, traite avec réalisme et humanité des questions de l’immigration et du conflit entre générations.

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Mardi 18 décembre 2012, par Emmanuelle Conte

Un squatteur sachant squatter

Deux squatteurs dans un appartement du 16ème arrondissement de Paris : voilà un thème qui pourrait déjà, si l’on trouve les bons mots, se transformer en une jolie comédie. Choisissez deux protagonistes d’origine étrangère – Samir et Natasha – et vous obtiendrez un spectacle dans l’air du temps, transmettant un message de tolérance et de solidarité empli d’amour… et d’humour.

S’appeler Samir, dans la société actuelle, n’est pas une sinécure. Travail, logement, toutes les portes se ferment plus facilement face aux sonorités étrangères d’un simple prénom. Le squat est un dernier recours pour le jeune algérien qui, avec la complicité de son meilleur ami, va prendre ses quartiers dans un bel appartement du 16ème arrondissement de Paris. Seules ombres au tableau, les deux sœurs propriétaires du logement débarquent sans crier gare.

De cette cohabitation forcée découleront plusieurs sentiments rythmant joyeusement la pièce. L’indignation et les propos, clairement racistes mais hilarants, de Maryvonne font mouche. Le déterminisme de sa sœur Jeanne inspire le respect. Mais l’élément déclencheur des rires du public est définitivement l’affrontement des deux femmes aux caractères bien opposés. Marion Game et Geneviève Fontanel campent leurs rôles à la perfection, et l’on ne peut que saluer chaudement leurs excellentes prestations. Le jeune Selim Clayssen ne passe pas inaperçu non plus : son rôle lui va littéralement comme un gant, offrant au spectacle encore plus de réalisme qu’il n’en possédait déjà.

L’auteur, Jean-Marie Chevret, a le sens des bons mots. Des mots drôles. Des mots choquants. Des mots touchants. Chaque réplique est calculée, sensée. La mise en scène est rythmée, sans temps morts. Quelques bons sentiments invitent l’audience à reprendre son souffle avant de reprendre la danse, à cent à l’heure.

Cette comédie traite avec brio de la question de l’immigration. Mais au-delà d’un message antiraciste évident, les spectateurs assistent aussi à la confrontation de deux générations, de deux expériences de vie sur fond de drame social. Tout fonctionne à merveille, et la pièce aura probablement un impact sur la foule qui applaudit, debout, la réalité que le spectacle leur a offerte.

Emmanuelle Conte

Centre Culturel d’Uccle