La scène : un bureau, un tableau rempli de citations, la photo de Rimbaud sur un mur ; les spectateurs sont les écoliers de cette classe. La porte s’ouvre et le professeur entre. Il vient d’apprendre que sa demande de prolongation de carrière est refusée. Et de plus, il est envoyé à la retraite aujourd’hui. Ce sera son dernier cours. Énervé par cette administration dépourvue d’humanité et de raison, par l’impossibilité de poursuivre à terme son désir d’enseigner, il décide de profiter de son dernier cours pour présenter sa thèse à sa classe : le propre de l’homme n’est pas le rire, mais le langage.
Comment aurions-nous vécu cela lorsque nous étions écoliers ? Quel élève étions-nous : le premier de classe assis au premier rang, les perturbateurs du fond ou les bavardeuses collées au mur ? Aurions-nous compris la chance d’avoir un tel professeur érudit et passionné par sa matière ? La pièce est sans doute l’occasion de se replonger dans nos souvenirs d’école ou de profiter d’une dernière leçon.
La mise en scène place avec finesse J. Viala dans la situation du professeur face à sa classe, le public. De par cette situation, l’auteur/comédien J. Viala et le metteur en scène E. De Staercke parviennent à rendre hommage aux enseignants du français et à la langue elle-même. Ils nous rappellent qu’elle sert avant tout à exprimer des idées, des sentiments, à convaincre, à plaire, ... et qu’elle est un art jubilatoire, "merci aux artistes de littérature" ! Par ailleurs, ils réveillent notre mémoire affective offrant ainsi un doux retour au plaisir de l’apprentissage et une réflexion sur notre société et son enseignement. Par cette pièce, J. Viala confirme avec brio son statut de travailleur et militant de la culture.
Le propre de l’homme est, grâce à la justesse du texte, à la dimension humaine du jeu et de la mise en scène, un moment savoureux qui mêle la nostalgie des heures passées face au tableau noir au plaisir de (re)découvrir de façon originale les richesses de la langue française.
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