Le Pont fait partie de ces comédies vives et pleines d’esprit auxquelles personne n’est insensible. Le texte de Laurent Van Wetter développe un univers débordant d’humour – qui tient aussi bien du surréalisme belge que de la comédie de mœurs – en enchaînant les trouvailles avec inventivité et rythme. Le traitement est osé, et tout au long de la pièce, l’humour est grinçant tout en évitant avec brio le glauque ou le morbide. Dans la salle, les rires fusent à chaque réplique comme autant de « Oh ils ont osé ! » libérateurs.
Et lorsque, à l’occasion des intermèdes, il bascule dans l’intimité d’une émotion portée avec la même maestria par les comédiens, nous plongeons avec délectation pour découvrir le revers de la médaille du comique : la gravité de l’acte et la tristesse de ceux qui restent.
La mise en scène soutient le texte avec une telle efficacité qu’il est difficile d’en imaginer une autre. La scénographie, la lumière, la musique, tout contribue à créer un lieu au-delà du réel et pourtant très concret qui invite le spectateur à laisser de côté tabous, euphémismes et périphrases pour réfléchir sur la mort et la souffrance de vivre avec légèreté ou sérieux.
Et même si de l’eau à passé sous Le Pont depuis sa création en 2000, le spectacle n’a pas pris une ride. Il aborde avec une aisance égale la vie, la mort, l’amour ou l’amitié. L’auteur nous parle au fond de ce bond dans le grand inconnu que peut être la rencontre, avec toute l’expectative et tout le malaise que cela peut supposer. Le tout en 1h10 pleine de plaisir.
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