Une grande table trapézoïdale spectaculaire accueille le public. Claire et Paul sont là, prêts à partager une bouteille de vin blanc. Une kyrielle de petites lampes couvrent le plafond. L’ambiance feutrée de restaurant haut de gamme est prometteuse, la mine de Babette qui vient d’arriver l’est moins.
Lara Persain et Nicolas Buysse interprètent magistralement les différents rôles de ce best-seller de Herman Koch, paru en 2009. Sans vouloir dévoiler l’intrigue, la question qui est abordée est celle de l’attitude des parents d’enfants ayant commis des actes inacceptables. Peut-on faire fi des valeurs morales au nom de la protection de sa progéniture ?
Au fur et à mesure du dîner, dont le récit balance entre comédie, drame, polar et satire sociale, les personnages se dévoilent. Serge, politicien en pleine ascension, espère être élu premier ministre dans peu de temps. Serge et Babette ont deux enfants, l’un d’entre eux, Beau a été adopté. Paul était prof mais il a été mis en disponibilité. Il déteste ce frère qui évolue dans un mieux bourgeois que Paul exècre. Claire, quant à elle, semble très proche de son fils Michel, au centre du récit. Le but de cette rencontre est de parler des enfants mais ils tardent à aborder le sujet.
Au-delà du suspense, l’histoire est intéressante par l’étude des personnages qu’elle met en scène. Elle s’inspire de faits réels ayant eu lieu à Barcelone en 2005. Les changements de rôles, de même que le cynisme de Paul et les commentaires de Claire, donnent un côté léger à ce mélodrame, dont les ambiances se reflètent dans la couleur des lumières sur la scène mais aussi au-dessus des gradins (Gwen Laroche). Une mise en scène soignée de Jean-Michel Frère, d’excellents acteurs, un sujet qui capte l’attention, le tout dans un restaurant chic, autant d’ingrédients qui permettent de passer une excellente soirée sans perdre de vue le côté dramatique des faits. A ne pas manquer.
Catherine Sokolowski
Photo © Gaëtan Libertiaux