Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

Théâtre | Théâtre Le Public

Dates
Du 6 mai au 26 juin 2010
Horaires
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Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

Ferdinand Reille a attaqué Bruno Houillé à l’aide d’un bâton et lui a cassé deux dents au cours d’une bagarre après l’école. Les parents du blessé ont convié ceux de l’agresseur à leur domicile afin de résoudre l’affaire avec civisme.Yasmina Reza évoque avec jubilation nos paradoxes et les limites de nos discours éthiques et généreux ; petite scène de massacre ordinaire entre adultes civilisés, toute la force de la pièce réside dans sa capacité à rendre audible la vacuité du monde moderne.Un moment de théâtre drôle, cruel et jouissif servi par une formidable équipe d’acteurs, impatients d’entrer dans l’arène.« Formidablement dirigés, les comédiens couvent avec maestria ce « dieu du carnage », démon qui sommeille en nous, brisant, quand il sort de sa cage, tous nos beaux discours et nos remparts de bonne conscience. Les vrais visages se dévoilent et les failles de chaque couple apparaissent.Le tout avec un humour féroce qui nous laisse pantois face à ce sublime carnage ! » (C. Makereel, Le Soir, Novembre 2008)
Avec Véronique Biefnot, Damien Gillard, Olivier Massart et Valérie Lemaître - Mise en scène Michel Kacenelenbogen

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5 Messages

  • Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

    Le 14 avril 2010 à 02:32 par Champion

    Pas grand chose à dire, si ce n’est : c’est génial !
    C’est drôle, cynique, merveilleusement bien écrit, c’est grinçant...
    Les comédiens jouent merveilleusement bien !
    Je l’ai vue l’année dernière au Wolubilis, et franchement, je retournerai bien voir cette pièce !

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  • Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

    Le 9 juin 2010 à 12:47 par lorant

    Pièce de théâtre ou réalité de la vie courante ?Encore ce matin,je me suis servie du sèche-cheveux pour faire disparaître une tache rapidement.Très bonne interprétation,le portrait des personnages est bien dépeint.Une soirée"rire"

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  • Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

    Le 21 juin 2010 à 07:05 par sydney

    Voilà, je l’ai enfin vu ! Je n’ai pas été déçue, c’était une bonne soirée de divertissement. La pièce est bien écrite, juste, l’interprétation sans faille. A recommander surtout si vous êtes déprimé : on rie énormément !

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  • Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

    Le 25 juin 2010 à 02:24 par deashelle

    Du piano martelé en rage dans le noir absolu. Puis la lumière illumine des personnages figés dans un calme apparent. Le décor est plus que banal, à part au fond une immense toile couverte de fissures, de ruptures, de dédales, un grand Rien, comme les craquelures d’un désert d’amour. Soudain, chaque nature s’anime en toute civilité : un bon fils travailleur et méritoire harcelé par sa mère, une femme éprise de changements planétaires, sublimée par ses idéologies. Pour elle c’est le dialogue à tout prix, mais une parole de trop et tout dérape ! Un avocat ridiculement ensorcelé par son portable incapable de se tenir debout sans son attribut électronique. Une femme poupée, incapable de se contenir au propre et au figuré, crachant venin de tripes dès qu’on s’en prend à son rejeton, lui qui est bourreau et non pas victime ! Une victime expiatoire : le pauvre cochon d’Inde détesté, ensuite exilé, sans doute mort de peur et de froid… Les enfants, par qui tout arrive, totalement absents, loin de ces violences d’école maternelle. Voici une promenade jeu de massacre où les alliances ne cessent de s’inverser dans l’absurdité la plus complète. Scènes de pugilats paroxystiques bien aidées par les effets désinhibiteurs de l’alcool. Pour finir un requiem pour le cochon d’Inde assassiné. A vrai dire, le seul non coupable, si ce n’est d’exister. Musique douce, extinction des voix et des lumières. Vive le silence hypocrite. Les quatre comédiens rivalisent d’excellence, campés avec justesse, un peu comme dans une comédie de boulevard il est vrai, mais que de rires au cœur du cynisme de la situation. Est dévoilé en crescendo habile un certain naturel de l’homme, égoïste et dictateur, qu’il serait bon de d’amener vers des sphères plus élevées. Vers un autre dieu s’il existe, un autre idéal.

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  • Le Dieu du carnage de Yasmina Reza

    Le 27 juin 2010 à 11:44 par melina

    J’ai vu cette pièce hier. Quels acteurs ! Un excellent moment que l’on vit en spectateur, en acteur, en complicité avec les personnages. Le fond est terriblement juste malgré les rires dans lesquels on nous emporte. Des rires pour le jeu, pour le regard sur notre propre fonctionnement et sur notre aveuglement.

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Mardi 25 novembre 2008, par Jean Campion

Violences de salon

"Ce qui m’intéresse, ce n’est pas raconter des histoires, mais critiquer l’existence." Yasmina Reza arrache les masques avec jubilation. Dans "Art", l’achat d’un tableau blanc dévoile les lézardes d’une amitié apparemment bien cimentée. Ici une conciliation entre des parents, pleins de bonne volonté, tourne à l’aigre et réveille le dieu du carnage. Avec un humour décapant, ce huis clos explosif révèle la vérité cachée sous le vernis des conventions et stigmatise la médiocrité de nos comportements.

A la demande des parents de Ferdinand Reille, gamin bagarreur qui a cassé deux dents à leur fils Bruno, Véronique et Michel Houillé acceptent de remplacer "armé d’un bâton" par "muni d’un bâton", dans le constat, qu’ils rédigent pour l’assurance. Ils se montrent tolérants. Normal, entre gens de bonne compagnie. On prend le café, on bavarde et... la situation dégénère. L’élégant salon va se muer progressivement en champ de bataille.

Véronique, la maman de la victime, voudrait discuter de la responsabilisation de Ferdinand, des excuses qu’il devrait présenter. Mais happé par son portable, Alain, son père, plombe constamment la conversation : entre deux morceaux de clafoutis, cet avocat manipulateur donne des directives, pour l’emporter dans une affaire véreuse. Que lui importe cette querelle de gosses ! Et puis la castagne, c’est l’école de la vie ! Opinion partagée par Michel, qui se souvient avec fierté de ses exploits de chef de bande. Face à ces adorateurs de John Wayne, Véronique qui "a la faiblesse de croire au pouvoir purificateur de la culture" se retrouve bien seule. Annette est ouverte au dialogue, mais sous l’effet de la tension ambiante, elle est prise de vomissements, qui arrosent copieusement la veste de son mari et un livre d’art "introuvable", consacré à Kokoschka.

Dans les rounds suivants, l’auteur exploite à fond la situation. Ses dialogues féroces, percutants montrent l’affrontement des couples, le déchirement entre les époux et l’explosion des ego. Dopés par de larges rasades de vieux rhum, ces bobos font voler en éclats les règles de bienséance et perdent la face. Alain nous choque par son égocentrisme, sa muflerie et son cynisme. Brandissant la misère du Darfour, Véronique agace par ses leçons de morale. Annette finit par se décoincer et surprend par sa mauvaise foi. Plus authentique que les trois autres, Michel ne supporte pas la condescendance des intellos. C’est un fils attentionné, un brave type qui souhaite que chacun vive en paix. Cependant, il s’est laissé déguiser par sa femme en homme de gauche et a lâchement abandonné le hamster de sa fille. Par phobie des rongeurs.

Cette démystification est d’autant plus réjouissante que ces adultes civilisés nous désarment parfois par leur comportement enfantin. Observez les protestations rageuses d’Alain, quand on lui a cassé son beau jouet. Dans sa mise en scène, Michel Kacenelenbogen canalise avec doigté la montée de la violence. Le rythme de la représentation s’accélère insensiblement. On rit beaucoup, mais la comédie ne tourne pas au vaudeville. Grâce à la justesse de leur interprétation, les quatre acteurs, au mieux de leur forme, incarnent des personnages dérisoires et humains. Leurs certitudes, leurs illusions, leurs prétentions, leurs faiblesses réfléchissent les nôtres. Comme un miroir.

Théâtre Le Public