Larguez les amarres

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal des Galeries

Dates
Du 8 septembre au 3 octobre 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
Contact
http://www.trg.be
infos@trg.be
+32 2 512 04 07

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Larguez les amarres

Tout commence par une journée à peine différente des autres pour Isabelle. Elle embrasse son mari qui part, comme souvent, travailler deux semaines à Abou Dabi et elle enchaine avec le train-train du quotidien : voiture à déposer au garage, soirée copine à préparer…
Mais… sa sœur arrive à l’improviste pour lui parler d’un « truc » qu’il faut démêler avec leur mère… Ensuite, son fils revient passer quelques nuits à la maison… Et pour finir, ce vieil ami metteur en scène, qui fait une carrière incroyable aux Etats-Unis, arrive, par surprise, dans la vie d’Isabelle…
Aujourd’hui, la vie met bas les masques et Isabelle s’en trouve déboussolée…
Il faut réagir ! Mais en chemin : quiproquos, invraisemblances, incompréhensions, visions fantaisistes, personnages hauts en couleurs, slam, bouts de refrain, cachettes secrètes, et nettoyage de printemps…
Voici de l’humain dans ce qu’il a de touchant, c’est-à-dire dans sa normalité, ses peurs, ses ratés, ses hésitations, ses erreurs, ses petits mensonges de rien du tout… de l’humain dans lequel on peut se projeter.

Distribution

Un texte de Marie-Paule Kumps.
Avec : Marie-Paule Kumps, Catherine Claeys, Marc De Roy, Nicole Valberg, Pierre Pigeolet et Antoine Cogniaux.
Mise en scène : Pietro Pizzuti
Décor : Francesco Deleo / Costumes : Béatrice Pendesini

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Mardi 21 septembre 2021, par Jean Campion

Optimisme insubmersible

Impressionnée par les progrès accomplis dans le domaine de la génétique, qui ont transformé la vie de pas mal de gens, Marie-Paule Kumps a eu envie d’écrire une pièce sur la libération d’un secret de famille. Un sujet grave qu’elle tenait à exploiter dans une comédie, qui tourne le dos aux vaudevilles cruellement drôles et misogynes de Labiche et Feydeau. Voici une autrice attirée par "les personnages sincères, fragiles, qui ont du mal à rester à flot". Première lecture à haute voix, remarques, texte retravaillé, réouverture des théâtres... la pièce peut enfin larguer les amarres.

Vincent (Marc De Roy) est énervé. Dans quelques heures, il prend l’avion pour Abou Dabi et comme toujours, il craint d’oublier un bagage important. Habituée à cette agitation gratuite, Isabelle (Marie-Paule Kumps) le calme facilement. Ils forment un couple épanoui et s’apprêtent à fêter leurs trente ans de mariage. Son mari parti, Isabelle voit débarquer Louise, sa soeur (Catherine Claeys). Troublée par une phrase énigmatique de leur mère, elle s’interroge : ont-elles le même père ? Un test ADN confirme que non.

Ebranlée par cette révélation, Isabelle se morfond, en se posant des questions sur ses origines et sur l’avenir de son couple. Dans un dialogue imaginaire, Vincent démystifie avec humour et tendresse la gravité d’un secret de famille et la convainc d’affronter résolument l’aventure de la vie. Comme leur fils Alex (Antoine Cogniaux) qui n’hésite pas à loger des réfugiés dans son kot. Campant chez ses parents, il surprendra des comportements équivoques, sans broncher. Chacun est libre de ses actes !

Rebondissement classique du vaudeville : un personnage haut en couleurs, exilé depuis longtemps, fait irruption comme un chien dans un jeu de quilles. Revenant des Etats-Unis, Don (Pierre Pigeolet) est devenu un metteur en scène célèbre, aux allures de Jean-Claude Van Damme. Son despotisme bouscule tout le monde et entraîne une cascade de quiproquos. Pour préparer Isabelle à jouer dans sa prochaine pièce, il lui impose des séances d’impro. Délirantes mais trop longues.

On écoute par contre, avec beaucoup de plaisir, la confession de Suzanne (Nicole Valberg) à ses deux filles. Avec de moins en moins de réticence, cette épouse modèle dévoile ses frasques amoureuses. Louise et Isabelle comprennent et approuvent son désir de mener sa vie à sa guise. Sous une façade respectable, elle a toujours été une femme libre.

Le placard, où doit se cacher l’amant menacé, est un meuble souvent utilisé dans le vaudeville. Marie-Paule Kumps s’amuse à le recycler. Il devient une niche où Isabelle se ressource, sur les conseils de son psy. On ne se moque pas d’un coureur de jupons piégé, on s’étonne d’une thérapie bizarre. L’autrice transmet sa bienveillance à ses personnages. Aucun membre de la famille n’émet la moindre critique, sur le désordre provoqué par l’installation des réfugiés dans l’élégant appartement. Priorité à l’aide : on rassemble des vêtements, on prépare des repas, on vend des objets. Lorsque Vincent, revenu d’Abou Dabi, découvre le pillage de ses armoires et de sa bibliothèque, il est agacé, pose des questions... Mais très vite il se fait une raison. La vague de la solidarité l’emporte. Cette absence d’affrontements, ce refus d’agressivité déforcent la progression dramatique. Quelques scènes exubérantes se mêlent à des conversations sereines. Cependant la fantaisie de cette comédie souriante et le talent des comédiens suscitent de nombreux éclats de rire et des applaudissements chaleureux.

Jean Campion

Théâtre Royal des Galeries