Vincent (Marc De Roy) est énervé. Dans quelques heures, il prend l’avion pour Abou Dabi et comme toujours, il craint d’oublier un bagage important. Habituée à cette agitation gratuite, Isabelle (Marie-Paule Kumps) le calme facilement. Ils forment un couple épanoui et s’apprêtent à fêter leurs trente ans de mariage. Son mari parti, Isabelle voit débarquer Louise, sa soeur (Catherine Claeys). Troublée par une phrase énigmatique de leur mère, elle s’interroge : ont-elles le même père ? Un test ADN confirme que non.
Ebranlée par cette révélation, Isabelle se morfond, en se posant des questions sur ses origines et sur l’avenir de son couple. Dans un dialogue imaginaire, Vincent démystifie avec humour et tendresse la gravité d’un secret de famille et la convainc d’affronter résolument l’aventure de la vie. Comme leur fils Alex (Antoine Cogniaux) qui n’hésite pas à loger des réfugiés dans son kot. Campant chez ses parents, il surprendra des comportements équivoques, sans broncher. Chacun est libre de ses actes !
Rebondissement classique du vaudeville : un personnage haut en couleurs, exilé depuis longtemps, fait irruption comme un chien dans un jeu de quilles. Revenant des Etats-Unis, Don (Pierre Pigeolet) est devenu un metteur en scène célèbre, aux allures de Jean-Claude Van Damme. Son despotisme bouscule tout le monde et entraîne une cascade de quiproquos. Pour préparer Isabelle à jouer dans sa prochaine pièce, il lui impose des séances d’impro. Délirantes mais trop longues.
On écoute par contre, avec beaucoup de plaisir, la confession de Suzanne (Nicole Valberg) à ses deux filles. Avec de moins en moins de réticence, cette épouse modèle dévoile ses frasques amoureuses. Louise et Isabelle comprennent et approuvent son désir de mener sa vie à sa guise. Sous une façade respectable, elle a toujours été une femme libre.
Le placard, où doit se cacher l’amant menacé, est un meuble souvent utilisé dans le vaudeville. Marie-Paule Kumps s’amuse à le recycler. Il devient une niche où Isabelle se ressource, sur les conseils de son psy. On ne se moque pas d’un coureur de jupons piégé, on s’étonne d’une thérapie bizarre. L’autrice transmet sa bienveillance à ses personnages. Aucun membre de la famille n’émet la moindre critique, sur le désordre provoqué par l’installation des réfugiés dans l’élégant appartement. Priorité à l’aide : on rassemble des vêtements, on prépare des repas, on vend des objets. Lorsque Vincent, revenu d’Abou Dabi, découvre le pillage de ses armoires et de sa bibliothèque, il est agacé, pose des questions... Mais très vite il se fait une raison. La vague de la solidarité l’emporte. Cette absence d’affrontements, ce refus d’agressivité déforcent la progression dramatique. Quelques scènes exubérantes se mêlent à des conversations sereines. Cependant la fantaisie de cette comédie souriante et le talent des comédiens suscitent de nombreux éclats de rire et des applaudissements chaleureux.