Ni théâtre ni danse pour cet antispectacle, ou plutôt les deux à la fois et tant d’autres choses encore. Pas de cloisons pour cette énergie brutale et insolente qui est la matière et le thème même de cette création. Entre bouteilles de bière et tentes, c’est la jeunesse dans tout ce qu’elle a de violent et de perdu que Vandekeybus convoque sur scène et laisse s’exprimer.
Que nous dit-elle ? Pas grand chose, presque rien. Elle ne se raconte pas, elle crie, elle danse. C’est son corps qui exprime, allant se frotter à l’autre ou se faisant arme pour le repousser. Les mots ne sont pas importants, les histoires racontées à peine des anecdotes, les sentiments confus et contradictoires. On ne sait plus trop où on en est, où on va. Alors on court un peu partout et on dit un peu n’importe quoi. On livre des morceaux de vie, des émotions, des énergies. Le tout laisse éclater cette rage de vivre qui symbolise la jeunesse d’hier comme d’aujourd’hui et c’est avec un plaisir évident que les performeurs la laissent surgir sur scène.
Cette joie est un des éléments les plus marquants du spectacle. Plaisir des comédiens d’être là, ensemble, devant nous. Plaisir partagé des spectateurs d’être là avec eux, et même, finalement, d’être pris à parti...malgré eux.
Face à Radical Wrong, on se laisse aller, on rit, on se décoince. La vitalité des performeurs, portée par des airs de Nina Simone ou de hard rock se transmet presque instantanément au spectateur auquel ça ne peut que faire du bien.