La vie devant soi
Le chef d’œuvre de Romain Gary, récompensé d’un Goncourt en 1975, est un hymne à l’amour, un éloge à la vie pour tous ceux qui pensent que quels que soient les aléas de l’existence, d’où qu’on soit, où qu’on aille, on a toujours la vie devant soi.
Assistanat mise en scène : Lou Kacenelenbogen et Kim Leleux
Scénographie et costumes : Delphine Coërs
Lumière : Maximilien Westerlinck
Création musicale : Pascal Charpentier
Régisseur : Rémy Brans
Stagiaire régisseur : Gaëtan Bergmans
Avec : Janine Godinas, Itsik Elbaz, Nabil Missoumi et Benoit Van Dorslaer
Mise en scène : Michel Kacenelenbogen
Jeudi 8 septembre 2011,
par
Caroline Paillard
Ajar et condescendance
La vie devant soi, c’est d’abord bien plus qu’une histoire qui lie un jeune Arabe (Momo) et une vieille juive (madame Rosa). Autre chose qu’une polarité des genres. Le duo-cliché ne représente d’ailleurs pour son auteur qu’un prétexte, une amorce à l’échange puissamment humain, irrémédiablement mortel, entre ces deux « bouts » de la vie.
On peut aussi y voir l’histoire du monde symbolisée par cette vieille femme qui « se défendait » autrefois (autrement dit une ex-pute), maternisante malgré elle et concentré de détresse en décrépitude. Autour de madame Rosa, Momo incarne la vie en orbite, une intranquillité légère et le fils (de pute – oui, sa mère « se défend » également) en puissance.
Dans la mise en scène de Michel Kacenelenbogen, on rit un peu des reliefs tragi-comiques de cette relation forte et authentique. Juste un peu parce qu’on a quand même l’impression que les angles ont été arrondis pour vouloir plaire. Et du coup, le dialogue perd de sa fraîcheur lucide en se concentrant trop sur la quasi moralisation des rapports judéo-arabes lissés par l’humour auquel on pardonne tout.
Mais... il y a un mais. Il faut bien avouer que l’exercice de l’adaptation du roman au théâtre porte toujours en lui le péril de l’interprétation subjective... sans vouloir théoriser. On se retrouve donc, au cours de la pièce, plutôt dans une gentille petite histoire de famille que dans la transmission d’humanité brute.
Tout ça par contre ne ternit pas la magistrale interprétation d’Itsik Elbaz (Momo) et de Janine Godinas (madame Rosa). Lui adopte la présence à la fois souple et enracinée de l’enfance à vif et elle la pause et la sagesse détachées de la vieillesse en sursis. Du très bon jeu qui arrive à sauver un travail un peu trop scolaire.
Samuel Bury
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