De père musulman et de mère catholique, elle a enseigné, pendant dix ans, la religion protestante. Cette expérience l’a certainement aidée à camper une prof qui surfe sur les sujets délicats, avec une mauvaise foi désarmante. Il faut l’entendre épurer l’histoire de Sodome et Gomorrhe, se réjouir de la visite du pape (qui n’a pas de prix !) et nier farouchement la pédophilie des hommes d’Eglise. Habitant Turnhout, Magda vient donner cours de néerlandais à Bruxelles. Avec la conviction du missionnaire. Elle doit subir d’interminables embouteillages, des locaux en perpétuels travaux et la médiocrité constante de pratiquement tous ses élèves. Leur indiscipline la pousse à vociférer souvent : "Buiten !". Pas question pourtant de les abandonner. Elle veut préserver leur avenir : "Avec le nederlands, tu vas partout... en Belgique."
A l’opposé, la prof de dessin, à l’accent liégeois, est une femme aigrie, désabusée, qui regrette d’être enceinte. Elle méprise les enfants, qu’elle considère comme des animaux. A la fin de la récréation, elle ramène le troupeau à l’étable. En dressant la liste des profs sur la touche, Arlette Davidson se montre également cynique. Mais c’est surtout une préfète habile. Dans un état lamentable, les bâtiments de Sainte Jacqueline de Compostelle abritaient des rats. Un petit chantage et la rénovation commence ! Fascinée par les pensées de Jean-Claude Vandamme, cette femme fantasque se sent "aware", sniffe de la colle ou de la coke et et se dope à l’alcool.
Zidani adore chanter. Ses interprétations de "La Pilule d’or" (Soeur Sourire) et de "Mooi, ’ t leven is mooi" (Will Tura) sont jubilatoires. Pour préparer la réception de la reine Mathilde, Monique Canaris transforme le public en chorale et dirige la répétition d’une main ferme. Les récalcitrants n’ont qu’à bien se tenir. Zidani est aussi un boute-en-train. Comme Patrick Sébastien... Son goût pour la fiesta l’amène à larguer la mise en boîte des enseignants, pour ressusciter "Sans chemise, sans pantalon", "Alexandrie, Alexandra" et embarquer les spectateurs dans "La Chenille". On peut aussi regretter des effets comiques redondants ou trop insistants. Comme les manifestations de folie de Chantal Trognon.
Des excès qui n’empêchent pas "La Rentrée d’Arlette" d’être un spectacle désopilant et tonique. Son rythme ne faiblit pas. Durant les changements de costumes, le public est surpris par des intermèdes filmés, fort amusants. Mêlant humour décapant, vitalité débordante et générosité discrète, Zidani fait vivre des profs risibles et attachantes. Elle donne des coups de griffe. Mais, respectant son ancien métier, elle insuffle à la plupart de ces enseignantes son énergie. Confrontées à des problèmes qui les dépassent, ces battantes résistent au découragement. Même si elles se sentent "fatiguées, fatiguées, fatiguées".
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