La porte à côté

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Royal des Galeries

Dates
Du 15 mars au 9 avril 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Royal des Galeries
Galerie du Roi, 32 1000 Bruxelles
Contact
http://www.trg.be
infos@trg.be
+32 2 512 04 07

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La porte à côté

Elle est psy. Lui vend des yaourts. Ils sont voisins de palier, ils se détestent cordialement, et comme des millions de célibataires perdus dans la ville, ils explorent furtivement les sites de rencontre à la recherche de l’amour, ce quelqu’un qui serait juste aux antipodes de ce personnage infernal qui vit la porte à côté. Et lorsqu’enfin, par la magie des tests d’affinités, ils trouvent chacun l’âme sœur, ils ne résistent pas au malin plaisir de se l’annoncer. Histoire de s’affronter encore une fois…
Un texte intelligent, émouvant et original, qui nous livre de très beaux dialogues, drôles et finement ciselés.

Distribution

Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux

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6 Messages

  • La porte à côté

    Le 15 mars 2017 à 02:29 par hello

    Un texte intelligent, drôle et finement ciselé, interprété par deux acteurs expérimentés.
    Le rythme des répliques et soutenu et presque chaque réplique prête à rire ou à sourire.
    Une comédie comme on n’en voit pas souvent !

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  • La porte à côté

    Le 22 mars 2017 à 15:50 par titine

    En couple dans la vie et au théâtre,ça aide !
    De bons moments,des rires qui rappellent les expériences vécues entre voisins et en couples
    Nouveauté"le décor",assemblage de panneaux et des vidéos:du moderne !!!

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  • La porte à côté

    Le 24 mars 2017 à 19:34 par lorant

    Pas connectée :
    En couple dans la vie et au théâtre,ça aide.
    De bons moments,des rires qui rappellent les expériences vécues entre voisins et en couples.
    Nouveauté"le décor",assemblage de panneaux et vidéos:du moderne !
    (voilà qui est refait et connectée)

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Lundi 20 mars 2017, par Jean Campion

Quand ouvriront-ils les yeux ?

Le cinéma et le théâtre ont souvent exploité le thème de l’amour, entre un homme et une femme que tout oppose. Le solitaire, incarné par Yves Montand dans "Le Sauvage", résiste longtemps aux assauts d’une aventurière impétueuse (Catherine Deneuve). Dans "La Surprise de l’amour", les héros de Marivaux, trop occupés à se chamailler, mettent un temps fou à reconnaître leur amour. "La Porte à côté" met aux prises des voisins de palier, frappés du même aveuglement. Pas de suspense : le happy end ne fait aucun doute. Le plaisir du spectateur tient à la malice et à la subtilité, avec lesquelles Fabrice Roger-Lacan amène ses personnages à baisser la garde, pour former un couple conflictuel.

Dans un petit film, les protagonistes se présentent mutuellement. Des portraits au vitriol. Pas de doute, leurs rapports seront tumultueux. Excédée par les accents martiaux d’une symphonie d’Anton Bruckner, la psy reproche à son voisin de perturber ses consultations, en diffusant de la "musique de nazis". Chef de produits chez Yoplait, celui-ci comptait l’utiliser dans un clip, pour lancer un nouveau dessert. Ignorant que Bruckner était le musicien préféré d’Hitler, il s’exposait à de graves ennuis. "Petite fleur" et croix gammée ne font pas bon ménage. Il est rassuré, elle est écoeurée. Comment peut-on abîmer une musique sublime, en la trempant dans le yaourt ? En alternance avec différentes prises de bec, des séquences illustrées montrent ces quinquas à la recherche de l’âme soeur. Afin d’échapper à une solitude pesante, "Docteur toc-toc" et "Edredon douillet" se branchent sur des sites de rencontres. En respectant les clichés sociaux. Pour lui, le sexe est important. Pas question d’être soupçonné d’impuissance. Pour elle, secondaire. On ne la prendra pas pour une nymphomane.

La psychologue, au caractère bien trempé, ne favorise pas la discussion. Repérant le tic de langage de son adversaire timide, conciliant, elle le tourne en dérision : "Vous ne croyez pas qu’il vaut mieux "dire" que "vouloir dire" ?". Elle se montre autoritaire, arrogante, parfois blessante. Et le vendeur de yaourts méprisé se rebiffe. Il appuie là où ça fait mal, en la questionnant sur sa dernière sortie en boîte. Exaspéré, il accuse cette "dangereuse réac déguisée en psychanalyste bobo" d’être payée par Danone, pour lui pourrir la vie. Ils se disputent comme chien et chat, mais leurs coups de griffes fissurent leur carapace. Le voisin offensé tend un miroir à l’agresseur et l’oblige à se remettre en question. Prisonniers de leurs habitudes, de leurs préjugés, de leur mauvaise foi et de leur orgueil, ils laissent enfin fondre leur pudeur et dévoilent la fragilité de leurs coeurs solitaires.

On se laisse emporter par ce texte bondissant. Cependant sous les échanges acérés et les répliques mordantes, qui font beaucoup rire, percent frustrations et désirs. Fabrice Roger-Lacan n’a pas écrit une succession de sketchs brillants, mais une comédie psychologique. Les dialogues intelligents laissent parfois la place à des adresses au public, à des didascalies ou à des commentaires, qui montrent qu’"Elle" et "Lui" sont des "personnages", vivant le temps d’une représentation. L’auteur s’amuse aussi à glisser dans sa pièce des expériences personnelles. Ainsi, son ironie le pousse à casser les clichés : la psy est de droite et le commercial de gauche. Il règle ses comptes avec Marguerite Duras. Adolescent, il l’adorait. Puis, sous l’emprise d’un prof influent, il l’a trouvée chiante. Petit-fils de l’éminent Jacques Lacan, il prend plaisir à brosser un portrait peu flatteur d’une psychanalyste.

Le décor blanc, dépersonnalisé souligne la similitude des appartements, qui contraste avec l’antagonisme de leurs occupants. Mouvant, il permet d’enchaîner les séquences sur un rythme soutenu. En couple (à la ville comme à la scène), Marie-Paule Kumps et Bernard Cogniaux s’offrent une cure d’engueulades jouissive. Alain Leempoel, le metteur en scène, qui les connaît depuis longtemps, les a aidés à s’appuyer sur leur complicité, pour afficher une mésentente cordiale. Par leur jeu maîtrisé, tous deux nous incitent à ne pas être dupes des apparences et à rejoindre l’avis de Bernard Cogniaux : "Cette dispute est en fait une longue scène de séduction."

Jean Campion

Théâtre Royal des Galeries