La nuit de l’audience

Théâtre | Théâtre Royal du Parc

Dates
Du 23 septembre au 23 octobre 2010
Horaires
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+32 2 505 30 30

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La nuit de l’audience

Comédie historique de Jean-Claude Idée et Jean des Cars sur une idée de Jean-Louis Vilgrain.
Mise en scène : Patrice KERBRAT.

Décor : Edouard LAUG.

Avec :
Brigitte Fossey (Agnès)
Frédérique Tirmont (Charlotte)
Nathalie Stas (La suivante)
Olivier Cuvellier (le médecin)

Commentaire du metteur en scène.« Quand la réalité est inacceptable, il suffit de ne pas l’accepter » : inventer sa vie, ressusciter les morts, tenir pour fantômes les vivants, mettre en scène son petit théâtre intime, voilà la réponse de Charlotte de Habsbourg à la tragédie qui a conduit son Maximilien de mari devant les fusils d’un peloton d’exécution mexicain.

Pour son frère Léopold, deuxième Roi des Belges, qui la fit enfermer et la tint au secret pendant soixante années, cela s’appelait la folie. Mais s’il avait pu lire le « Henry IV » que Pirandello n’avait pas encore écrit (il venait de pointer sa frimousse en Sicile), peut-être aurait-il changé de diagnostic et compris la ruse que dissimulait la paranoïa de l’ex-impératrice, et empêché l’audience exceptionnellement accordée par Charlotte à Agnès de Salm-Salm, aventurière américaine, veuve d’un prince allemand, épouse d’un diplomate anglais, femme de charme et d’intrigues, intrépide et concrète, messagère de liberté et de vie, porteuse surtout d’incroyables secrets.

Une nuit d’avril 1900 dans la banlieue de Bruxelles peut-elle suffire à changer le cours de l’Histoire en Europe ?

Rue de la Loi, 3 - 1000 Bruxelles - Belgique
Infos et réservation 02/505 30 30 ou www.theatreduparc.be

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4 Messages

  • La nuit de l’audience

    Le 24 septembre 2010 à 08:43 par JosiCau

    Excellente pièce interprétée magistralement par de très bons comédiens. Mention spéciale pour Frédérique Tirmont qui nous emporte dans la folie et la souffrance de son personnage. A voir absolument.

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  • La nuit de l’audience

    Le 25 septembre 2010 à 12:28 par deashelle

    Les deux femmes qui ne se connaissaient que sur dossier détaillé se rencontrent enfin, se mesurent, se jaugent, se scrutent, s’auditionnent, s’esquivent, et tombent dans la connivence des secrets partagés. Le duo de femmes devient alors musique de cœur, un peu de tequila - Mexique oblige. Agnès a quitté son chapeau de voyage et la coiffe de folle de Charlotte tombe après avoir revêtu sa dérisoire couronne. Elles sont devenues « sœurs d’orgueil ! ». Emergeant par dessus la camisole de forcenée, le cheveu vivant, brouillon, blanc et court apparaît, une vie volée renait. La vérité aussi…. se dévoile, petit à petit. Carlotta est femme victime, Agnès est femme protectrice. La condition de la femme ? Comment s’advenir ? Comment refaire surface dans la réalité après 25 ans d’internement ? « Vous avez peur de la réalité ! … C’est que j’en ai perdu l’habitude ! » Comment s’extirper de la machination machiste, des serres de l’avidité qui méprise superbement la vie ? Léopold a enterré sa sœur vivante. La pièce réhabilite sa mémoire, fait revivre un pan de l’histoire belge très peu glorieuse et soigneusement dissimulée dans nos cours d’histoire.
    Le seul refuge pour Carlotta sera dans les chimères du monde intérieur, la magie de la folie, feinte ou non, loin de la « volupté des fonctions végétatives ! ».
    Expression du talent féminin : Ce duo de femmes, Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont, totalement opposées tant par la voix que le langage corporel, les postures et la photogénie jouent chacune dans leurs registre, superbement. « Le jour où je cesserai d’être neuve je serai morte ! » Maîtrise totale et nuancée de l’élocution et de la théâtralité…Jeu comparable à une orchestration de musique faite de contrebasse et violoncelle…Emouvant et beau.

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  • La nuit de l’audience

    Le 2 septembre 2011 à 03:59 par alec

    Une pièce avec de très beaux décors qui nous replongent en arrière dans l’histoire belgo-mexicaine. Brigitte Fossey et Frédérique Tirmont sont magnifiques. Quel plaisir de pouvoir entendre à nouveau la diction de Brigitte Fossey ! « Je suis ici pour vous demander rune audillence que j’attends dephuis cinq hans ». C’est magnifique. Frédérique Tirmont est épatante dans sa souffrance. Moment à la fois très drôle et très émouvant lorsque les deux protagonistes esquissent des pas de danse tout en chantant.

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Jeudi 7 octobre 2010, par Jean Campion

Une Rencontre explosive et apaisante

Dans "Le Souper" (1989), Jean-Claude Brisville imaginait un face-à-face hypothétique mais captivant entre Talleyrand et Fouché. En 2009, François Ost nous montrait comment, durant "La Nuit la plus longue", Sade, anarchiste machiavélique, s’efforçait de déshonorer Portalis, symbole de la justice. S’appuyant également sur des faits historiques avérés ou...non, "La Nuit de l’audience" met aux prises Charlotte, ex-impératrice du Mexique et Agnès de Salm-Salm, une aventurière indomptable. Deux visions du monde et deux destins opposés, dans une confrontation qui tarde à devenir passionnante.

Enfermée par son frère Léopold II, dans le château de Bouchout (Brabant flamand), Charlotte a obtenu la permission d’accorder une audience. La première depuis trente ans ! Elle s’apprête à recevoir une femme intrépide, qui a tenté d’empêcher l’exécution de son mari, l’empereur Maximilien, par les républicains mexicains, en 1867. Sa suivante et son médecin, totalement soumis au roi des Belges, s’efforcent de torpiller cette entrevue. Mais Agnès n’a pas froid aux yeux et maniant le pistolet avec dextérité, protège la recluse.

Sans doute pour permettre aux spectateurs de mieux comprendre les biographies complexes des héroïnes, Jean-Claude Idée et Jean des Cars étirent les scènes d’exposition. On aurait pu se passer du curriculum vitae de la visiteuse ou des précisions sur la santé mentale de Charlotte, puisque la plupart de ces informations sont confirmées durant l’audience.

Heureusement, quand celle-ci commence, la pièce décolle. A travers leurs jeux, leurs esquives, leurs confidences, leurs danses et leurs aveux, les deux femmes s’apprivoisent progressivement. Et leurs échanges soulignent le cynisme de la "real politique". Lâché par Napoléon III, Maximilien est une victime de la guerre que se livraient la France et les Etats-Unis, par l’intermédiaire des Mexicains. La folie de Charlotte servit de prétexte à Léopold II pour la spolier : "C’est avec mon argent qu’il est devenu propriétaire du Congo !" Face à la vieille Europe monarchique, sclérosée, Agnès incarne un nouveau monde et revendique le droit au travail et au vote pour les femmes. Cependant, les auteurs se contentent d’esquisser ce désir d’émancipation.

C’est sur l’affrontement de ces deux sacrées bonnes femmes qu’ils concentrent notre attention. Chacune a aimé Maximilien à sa façon. Prête à se vendre pour le sauver, Agnès reproche à sa veuve son ambition égoïste : "Vous prétendiez à ce qu’il ait un grand destin. Celui qui vous revenait." Elle a soutenu cet empereur trahi, mais, en dépit des soupçons de Charlotte, n’a jamais été sa maîtresse. Dans cet avatar de Calamity Jane, Brigitte Fossey rayonne. Son espièglerie, son culot, sa détermination, son punch, son habileté redonnent le goût de vivre à la prisonnière de Bouchout. Elle réchauffe ses souvenirs du Mexique, l’incite à se défouler sur ses ancêtres, l’entraîne dans sa valse et lui dévoile un lourd secret. Mêlant réel et imaginaire, passé et présent, Charlotte semble souvent égarée. Est-elle folle ou simule-t-elle la démence, quand ça l’arrange ? Par son jeu très maîtrisé, Frédérique Tirmont entretient l’ambiguïté. Tour à tour puérile, méfiante, gauche, déchirée, lucide et pathétique.

Alexandre Dumas prétendait qu’"Il est permis de violer l’histoire, à condition de lui faire un enfant." Ce sont deux beaux personnages de théâtre qu’ont engendrés Jean-Claude Idée et Jean des Cars.

Théâtre Royal du Parc