Dès les premières minutes, cette création collective innovante invite le spectateur dans un univers étrange et fascinant où les mots, la scène, la danse, la musique et le cinéma coexistent en harmonie. Un univers magique fait de jouets, de maisons de poupée, de playmobil, de figurines plantées dans le sable, de trains électriques, mais aussi de miroirs, de lampes de poche, de ventilateurs, de guirlandes lumineuses qui servent à créer des effets spéciaux étonnants de simplicité.
Le public de Kiss & Cry assiste à la création en direct d’un long métrage où les mains seules évoluant sous les caméras et les projections de lumière, deviennent des personnages inhabituels et attachants qui dansent, dorment, nagent, patinent, se caressent, se frôlent et se baladent gracieusement sur des maquettes et autres décors miniatures. À mi-chemin entre le théâtral et le cinématographique, le dispositif scénique mis en place par le réalisateur belge permet au spectateur de découvrir l’envers du décor dans l’ombre duquel les manipulateurs d’objets, les danseurs et les techniciens se cachent pour donner vie aux images à l’écran.
Soutenues par la poésie du texte de Thomas Gunzig, les mains du duo de danseurs nous racontent avec sensualité les amours disparues que Gisèle a enfouies dans les méandres de sa mémoire. Elles nous plongent dans un imaginaire qui prend sens au fur et à mesure que les tableaux défilent et les brides d’histoire se dévoilent. Plus qu’un simple spectacle, cette création inédite se révèle une véritable expérience sensible. La musicalité du texte, l’expressivité des chorégraphies accentuées par un scénario évocateur et des airs d’opéra envoutants font de Kiss & Cry un spectacle émouvant qui s’adresse avant tout aux sensations du spectateur et les éveille avec poésie et douceur.
Sans conteste, ni prétention, Kiss & Cry demeure un spectacle atypique faisant appel à la sensibilité de chacun. Il renvoie dans sa forme originale à la fantaisie de l’enfance tout en saisissant des moments de nostalgie liés à la perte inévitable du souvenir. On en sort comme on sort d’un rêve éveillé, des nuages plein la tête et de la magie plein les yeux.