"La Valse des Toréadors" DE JEAN ANOUILH

Théâtre | Comédie Claude Volter

Dates
Du 3 au 31 décembre 2008
Horaires
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"La Valse des Toréadors" DE JEAN ANOUILH

Mise en scène :Danielle FireAvec : Michel deWarzée, Stéphanie Moriau, Bernard d’Oultremont, Danielle Fire, Gérard Duquet,Nathalie Honse, LaureTourneur, Stepfanie Vanden Broeck et Laura Dussard.

Vous cherchez un spectacleidéal pour les fêtes de fin d’année ?
Voici La Valse des Toréadors,une farce brillante, signée Jean Anouilh.

À la fin duXIXe siècle, un général de cavalerie, vieille ganache, bougon, coléreux, et insatiable coureur de jupons, est partagé entre ses aventures, une épouse acariâtre, deux filles disgraciées,une maîtresse virginale, un mystérieux secrétaire et un médecin cynique.De sesamours illégitimes, de la férocité de sa vie conjugale et de ses tendresses devieux clown, Anouilh réussit à faire une farce pathétique. Un chefd’œuvre grinçant, cocasse et hilarant où la misère intérieure de l’hommeexplose en un ballet étourdissant, rythmé par les sonneries de trompettes decavalerie.

Du mardi au samedi 20:15 - dimanche 16:00Info et réservations : 02/762.09.63
_ - www.comedievolter.be

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Mercredi 10 décembre 2008, par Jean Campion

Sonner l’extinction des feux...

A sa création, en 1952, "La Valse des toréadors" a été mal accueillie. Certains critiques dénonçaient sa grossièreté et sa noirceur. Ils s’acharnaient sur un drame, alors que cette pièce grinçante est une farce. Les invraisemblances de l’intrigue et les comportements caricaturaux des personnages en témoignent. Mêlant burlesque et tragique, Jean Anouilh "essaie de nous faire rire avec nos petites misères d’hommes." La mise en scène intelligente de Danielle Fire confirme cette intention, en suscitant l’hilarité, aux moments où l’on devrait pleurer.

Coincé entre sa femme, géôlière acariâtre, qui prétend "l’entendre penser" et ses deux filles trop laides pour appâter un mari, le général Léon Saint-Pé vieillit mal. Pour tuer son ennui, il trousse les bonnes, dicte ses mémoires et refait le monde avec le médecin de sa femme. L’irruption de Ghislaine de Sainte-Euverte va bousculer son existence morose. C’est en dansant "la valse des toréadors" que cette jeune fille est tombée amoureuse du lieutenant Saint-Pé. Il y a.. dix-sept ans ! Depuis ce bal du Cadre noir de Saumur, elle rêve de se donner au fringant officier. Mais celui-ci, trop lâche pour larguer son épouse, impotente imaginaire, la fait patienter. Aujourd’hui, elle est bien décidée à perdre sa virginité, car elle apporte la preuve de l’infidélité de la générale.

Avec son savoir - faire habituel, Anouilh s’appuie sur ce scénario à la Feydau pour déclencher une cascade de rebondissements cocasses et ...prévisibles. Mais il truffe ce vaudeville de discussions sur l’impatience qui emporte les jeunes amoureux, sur la lucidité terrible qu’amène la vieillesse, sur l’âme avec laquelle on se débat toute la vie. Nous prenons plaisir à écouter ces réflexions pertinentes et poétiques, mais parfois le texte s’embourbe dans des explications lassantes. Par exemple quand le général tente d’éclairer la notion d’honneur.

Le noyau de la pièce est la haine réciproque qui enchaîne Amélie, la générale, à son mari. Venu exiger le divorce, celui-ci est submergé par un flot de reproches et de menaces :"Quand nous aurons achevé de pourrir tous les deux, côte à côte, dans nos boîtes, des gens inconnus, en passant, liront que j’étais ta femme, sur la pierre." Cet enfer conjugal fait songer à "La Danse de mort" de Strindberg. Mais ici la violence déchaînée est désamorcée par les gesticulations grotesques de ces époux sournois et pathétiques.

Dirigés avec précision, les neuf comédiens nous entraînent dans cette sarabande, sur un rythme alerte. Ils incarnent leur personnage avec conviction, mais le jeu décalé de Stéphanie Moriau (Ghislaine), de Bernard d’Oultremont (le secrétaire) et de Danielle Fire (Amélie) nous rappelle que nous sommes au théâtre. Tout comme les décors kitch de Christian Guilmin. Michel de Warzée maîtrise efficacement les différentes facettes du général Saint-Pé. Irritant par ses propos machistes, sa mauvaise foi, ses allures de matamore, sa cruauté, son égoïsme, il nous désarme quand il réchauffe ses rêves romantiques ou qu’il avoue : "Je suis tout seul et j’ai peur." L’interprétation tout en finesse de Gérard Duquet fait du docteur Bonfant bien plus qu’un faire - valoir. C’est un confident clairvoyant, cynique, apaisant, qui correspond assez bien à l’homme vu par Anouilh :"un animal inconsolable et gai."

Comédie Claude Volter