La Profondeur des Forêts
Pour ses collègues de l’Electro-World, Sirius Malgrétout est juste le nouveau manutentionnaire. Mais cette nouvelle identité qu’il porte depuis sa sortie de prison n’empêche pas son passé de resurgir sous les traits de Tommy Tantpis, son ancien comparse, personnalisation de ses démons.
Ce que Tommy et Sirius ont commis, à l’âge de onze ans, est monstrueux. Comment trouver sa place après une adolescence en prison ? Comment nouer des relations, vivre en société, quand la simple mention de votre vrai nom vous voudrait sans doute d’être lynché en public ?
Inspirée de l’affaire James Bulger « la profondeur des forêts », nous place volontairement un cran au-dessus de la question de la culpabilité. L’auteur laisse le soin au spectateur de s’interroger à ce sujet. Il nous livre en revanche les atermoiements moraux de son héros, qui devrait aussi avoir une seconde chance.
En contre-point de la douceur poétique du texte, plus proche de la fable que du drame réaliste, la mise en scène de Georges Lini, audacieuse, féroce, inventive, viendra aviver les questions cruelles et brûlantes posées par Stanislas Cotton : qu’est-ce qu’un monstre ; a-t-il droit aussi à une rédemption ?
Ce texte de Stanislas Cotton est une commande faire par Georges Lini pour sa Compagnie Belle de nuit, dont nous fêtons les 20 ans en 2018.
Autour de la pièce, plusieurs événements prendront place, dont une reprise de « L’entrée du Christ à Bruxelles ».
L’Atelier 210 s’associe avec bonheur et fierté à cet anniversaire !
Distribution
Texte : Stanislas Cotton
Mise en scène : Georges Lini
Distribution : Wendy Piette, Félix Vannoorenberghe, Arthur Marbaix
Scénographie : Renata Gorka
Vidéo/son : Sébastien Fernandez Lumières : Jérôme Dejean
Jeudi 1er mars 2018,
par
Catherine Sokolowski
Quand la rédemption n’est pas une option
Sirius, jeune manutentionnaire, s’intéresse à Zelda, une caissière. Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils ont la vie devant eux. Tout devrait bien se passer. Sauf que la vie de Sirius, elle est plutôt derrière lui. A 10 ans, Sirius et Tommy ont assassiné un môme de 2 ans et demi, à coups de barre de fer. Comment deux gamins peuvent-il en arriver là ? Comment espérer après avoir passé 8 ans dans une prison pour mineurs ? La compagnie Belle de nuit propose un spectacle autour de la problématique de la rédemption, s’interrogeant sur le droit de vivre et d’être heureux malgré l’irréversibilité des actes commis. Energie, violence et passion caractérisent cette mise en scène de Georges Lini qui évoque un sujet très contemporain avec humanité.
En 1993, dans un centre commercial de Liverpool, Robert Thompson (10 ans) et Jon Venables (10 ans) ont convaincu James Bugler, un petit garçon de 2 ans et demi, de les suivre. Ils l’ont ensuite frappé avec une barre de fer jusqu’à ce que mort s’en suive et déposé sur des rails. Le corps du petit garçon a été découpé en deux par un train.
Si ce genre de crime est heureusement très rare, il y avait déjà eu un cas similaire en Grande-Bretagne en 1968. Marie Flora Bell avait assassiné deux garçons de 3 et 4 ans (cas étudié avec minutie par Gina Sereny dans "Une si jolie petite fille : Les Crimes de Mary Bell"). Ces jeunes enfants délinquants d’une dizaine d’années manquent cruellement d’attention et d’amour, comme le rappelle Sirius dans un moment de crise : « Je rêve que quelqu’un me prenne dans les bras. » La société ne leur a pas fait de cadeau, ceci excuse-t-il cela ?
Le sujet est plus vaste : le séjour en prison efface-t-il la dette envers les victimes ? A l’issue de leur peine, les condamnés doivent-il être pardonnés ? On pense à Bertrand Cantat, Michelle Martin ou même Dutroux. Actuellement, la réponse semble plutôt négative, certains ex-prisonniers recevant une nouvelle identité pour ne pas être identifié par des citoyens peu enclins au pardon.
L’écriture de la pièce a été confiée à l’auteur belge Stanislas Cotton qui a choisi un récit non linéaire, alternant crises, colères, violence, scènes de joie, passé et présent. Les rôles sont interprétés par de jeunes acteurs, le très prometteur Felix Vannoorenberghe (Sirius), tout juste sorti de l’IAD, Wendy Piette et Arthur Marbaix. Le bonheur est-il un droit et le pardon un devoir ? Vous ne le saurez pas en sortant mais les questions méritent d’être posées et ce spectacle d’être vu !
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