Comme pour “L’amant”, prix Goncourt en 1984, qui sera réécrit en 1991 sous le titre “L’amant de la Chine du nord”, Marguerite Duras, achève “La Musica”, vingt ans plus tard sous le titre “La Musica Deuxième”, en 1985. Dans les deux cas, l’analyse est peaufinée. Les histoires d’amour paraissent simples mais elles ne le sont pas. La mise en scène de cette pièce non plus. Les mots sont importants, essentiels, comme la langue, les phrases, leur rythme. La mise en scène de Guillemette Laurent intègre subtilement ces ingrédients. D’une simple lecture au départ, les éléments évoluent. La lumière, qui devient plus intime, l’espace qui s’agrandit, le son, amplifié par des micros. Michel se met à danser.
Les spectateurs interprètent le 3ième rôle de la pièce, c’est à eux que l’on s’adresse. A moins qu’ils ne soient chef d’orchestre de cette élégante partition. Car c’est un peu de cela qu’il s’agit : de musique, comme souvent chez Marguerite Duras. Parfois, surtout dans la première partie, les acteurs citent les didascalies et se vouvoient. Ensuite, les échanges deviennent plus intimes. Elle fréquentait les bars, il voyait cela comme une félonie mais elle en avait besoin. “Elle a voulu mourir quand il a demandé le divorce”.
Trois ans ont passé. Anne-Marie se remarie au mois d’août et ira vivre en Amérique, lui, également en couple, semble plus indécis. Force et finesse, profondeur et humour, rythme et élégance, le texte coule comme les larmes qu’il suggère. Avec une conclusion, qui s’impose : “Nous allons aimer moins maintenant les autres gens”. Et nous, encore un peu plus, le théâtre. A ne pas manquer.