La première image du spectacle donne à voir treize personnages venant progressivement s’entasser, puis se bousculer dans un petit carré de lumière. Peu après, l’espace éclate et laisse découvrir d’immenses modules rectangulaires, squelettes de bâtiments entre lesquels la lumière se glisse, faisant apparaître d’étroits couloirs. Au détour de ces rues froides, des amoureux se rencontrent et s’accouplent, des jambes sortent des immeubles, d’autres courent sans but.
L’étrangeté de l’atmosphère s’accentue avec l’arrivée d’éléments évoquant la sphère privée. Des solos, duos, trios succèdent alors à la chorégraphie d’ensemble. Un canapé solitaire fait son apparition. Son cuir brillant et ses formes anguleuses, loin d’être rassurants, rappellent que l’urbanisation contamine aussi l’architecture intérieure.
Les Percussions de Strasbourg amplifient subtilement cette étrangeté et renforcent la sensation de percussion générale, que ce soit la percussion des corps ou celle des idées dans l’esprit des personnages.
Complexe et sobre, la chorégraphie de Michèle Noiret est servie par d’excellents danseurs et nous transporte l’espace de plusieurs instants vers un univers poétique où le temps suspendu engendre sa logique propre.
Les Arpenteurs auraient toutefois gagné à une scénographie plus originale et surtout mieux exploitée. De plus, les lumières blafardes écrasent malheureusement l’ensemble là où elles auraient pu mettrent en relief les zones d’ombres et de mystères.
Il en résulte que le plaisir n’est pas total mais partiel, et un certain manque de cohésion crée une impression de distance.