Sur le plateau trône une gigantesque table ronde, inclinée à 45°, qui servira également de scène aux protagonistes. Ce disque, et le banc circulaire qui l’entoure, sont d’ailleurs les seules choses que le public aperçoit à travers l’ouverture ovale dans la paroi le séparant du plateau. Tout semble ainsi se résumer à cette table : les chevaliers surgissent de sous celle-ci pour y débattre, y manger, y combattre, s’y épuiser et y mourir. Elle est à la fois le dehors et le dedans, le support de toute chose, et même le prisme à travers lequel le public a accès à la pièce. Cette scénographie intelligente crée un espace tout en symboles qui plonge le public dans un univers oscillant entre réalité et abstraction.
Malheureusement, cet univers n’est le théâtre que d’une énumération de situations dont on peine à percevoir le fil conducteur. Un tableau chasse le précédent, une forme de rituel s’installe, dont l’inaccessibilité transforme des mouvements pourtant fort étudiés en une gesticulation hermétique. Il faut noter cependant la performance des comédiens qui s’investissent et s’assument totalement sur leur plan incliné. Ils portent tous le même costume-cravate, cet uniforme des temps modernes, rappelant ainsi que les comportements de l’époque arthurienne sont toujours d’actualité. Les décors et lumières, signés par Stefan Heinrichs, se combinent à l’orgue de Jérôme Giersé pour produire une ambiance froide, parfois agressive, qui efface encore un peu plus la douceur de l’humain au profit de la fermeté du groupe.
Malgré une scénographie originale et un travail sur la geste arthurienne que l’on devine impressionnant, Lapsit Exillis ne convainc donc pas… Un coup (d’épée) dans l’eau.
6 Messages