« La Revanche de Gaby Montbreuse »
S’il n’y avait qu’un spectacle à aller voir cet été au Château du Karreveld lors de légendaire Festival Bruxellons, nous choisirions sans conteste le sublime spectacle de Laure Godisiabois et de son complice Victor Scheffer. Nous les avons applaudi à tout rompre récemment lors de leurs représentations à la Comédie Claude Volter.
Premier Prix de déclamation et d’art dramatique au Conservatoire de Bruxelles, Laure n’a cessé d’arpenter les planches des Galeries au Théâtre royal du Parc, à la Comédie Claude Volter, et bien sûr à la Samaritaine et en tournée en France. Exemple de virtuosité et de sensibilité verbale, elle a un style et une personalité inimitables. Elle a travaillé sous la direction de Daniel Hanssens, Martine Willequet, Alexis Goslain, Michel de Warzée, Adrian Brine …
Mais sachez qu’il n’y a pas de Karreveld sans elle : « Roméo et Juliette » (2003), « Musée Haut, Musée Bas » (2008), « Une vie de Chantier » (2009), « Pièce Montée » (2009), « Le Béret de la Tortue » (2011).
Daniel Hanssens lui a donc donné carte blanche pour monter son dernier spectacle : « La Revanche de Gaby Montbreuse » Débordante de jactance de Paname, Laure Godisiabois s’approprie le personnage attachant d’une chanteuse de l’entre-deux guerres, GABY MONTBREUSE, grâce à laquelle elle s’est fait un spectacle sur mesures, créé en duo avec Victor Scheffer co-auteur et metteur en scène.
En ouvrant malles et placards, Holy, la petite nièce, jeune femme actuelle armée de lunettes, bloc-notes et téléphone portable, fait revivre les mystères d’un vieux grenier, non, d’un appartement parisien dont elle vient d’hériter. Et la magie d’un bout de ruban, d’un vieux cahier, d’une poupée parle et recrée un passé tumultueux. Avec sa voix faubourienne, l’aïeule défunte redevient la titi de Paris qu’elle était du temps de Mistinguett. « Ca c’est d’larchive ! » Elle monte en scène, captive et s’éclate entraînant le spectateur dans le monde du Music Hall et du Caf Conc’ parisien d’un siècle révolu. Tour à tour actrice et chanteuse elle séduit par sa vivacité, son à-propos, et disons-le, son charme détonnant. Mais c’est qui, elle ? Holly ou Gaby ? Les voilà qui dialoguent dans un miroir ! Laure est une fée de l’imaginaire qui fait surgir l’émotion à chaque détour de bons mots ou de chansons. Quelle cuvée pétillante ! Que de chansons évocatrices : « C’est ton imagination qui te fait te souvenir de tout ce qui ne t’est jamais arrivé ! » Un phrase clé du mystère. On est en plein délire fantastique. Elle a la fibre comique et joue dans le vif de la tendresse. On oscille entre le rire et le mouchoir. La voilà drapée dans un châle de lumière noire et elle parle avec amour de Jules… une histoire d’amour qui n’a pas duré plus qu’une belle ivresse. Une carrière qui est morte dans l’œuf. « Nous les gueuses, on n’est pas des femmes, on sait pas la différence entre le Bien et le Mal. » Mais qu’est-ce qu’elle est attachante ! Et de poursuivre sans relâche ses sauts de mouton fulgurants entre deux siècles et entre des dizaines de costumes...Elle garde juste les mêmes chaussures !
Gaby ? - Oui ? - C’est nous ! Elle chante « mes bleus sont mes seuls bijoux, on m’a tellement rouée de coups, me vl’à millionnaire de partout ! » du bois de Boulogne à Hollywood… elle rêve, elle chante, elle danse et elle enchante. Et quand Bébert, le délicieux pianiste qui lui donne parfois la réplique, envoie le final, …on entonnerait bien avec elle « Chantez, chantez partout la gaieté ! » Et que les fourmis aillent donc toutes se rhabiller !
Un mélange d’une délectable vingtaine de chansons signées Gaby et autres artistes surligne cette histoire passionnante que l’on se plairait à croire vraie…"Le Zouave du Pont de l’Alma","Le gardien de phare", "Le petit cochon en pain d’épices", "Dans un taxi" ,"Le Hamana","Tu m’as possédée par surprise" "La Femme est faite pour l’homme" "Je suis décadente" ,"Les Bleus" de …Serge Gainsbourg ! Et bien d’autres encore !
Dominique-Hélène Lemaire dhlemaire@yahoo.com
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