LA CANTATRICE CHAUVE
LA CANTATRICE CHAUVE
Eugène Ionesco - Théâtre en Liberté
Du 18/04 au 26/05/2012 - Dimanches : 06 et 13/05
Il est neuf heures, c’est dans la banlieue de Londres que cela se passe. Des gens attendent d’autres gens. On passe une assez bonne soirée. On ne devrait pas tant boire peut-être, ce n’est pas exactement le jour idéal pour commencer à fumer. On danse. Lorsqu’on aura trop mal à la tête, on se couchera par terre pour se reposer. Si on est trop joyeux, on montera sur la table. On passe une soirée comme toutes les autres soirées,on crie, on geint, on gémit et on chante. Jamais on ne se tait, le silence, ce n’est plus possible. Lorsqu’on a trop peur, on triche un peu. Lorsqu’on est prêt à se dévorer, on se quitte. Chacun joue son rôle. On pourra se revoir une autre soirée, nous recommencerons quand on veut, chaque fois qu’il faut. Rien ne nous concerne. Jamais ce que nous disons, c’est juste pour parler.
Texte Eugène Ionesco
Avec Jean-Henri Compère, Jaoued Deggouj, Dolorès Delahaut, Bernard Gahide, Stéphane Ledune, Julie Lenain, Hélène Theunissen… Miseen scène et scénographie : Daniel Scahaise
Costumes : Anne Compère
INFOSET RESERVATIONS :
Du 18/04 au 26/05/2012 -
Mardi à 19h – mercredi au samedi à 20h15 – dimanches 06 et 13/05.
Théâtre de la placedes Martyrs – 22, place des Martyrs - 1000 Bruxelles - Tel :02/223.32.08 (du mardi au vendredi : 11 à 18h – samedi : 14 à 18h) -
Lundi 7 mai 2012,
par
Charles-Henry Boland
Insanely yours
Oeuvre majeure du répertoire, La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco n’a pas fini de clamer son absurdité au monde. Cette nouvelle version, mise en scène par Daniel Scahaise, emprunte une orientation résolument expressive et burlesque. Les comédiens parcourent la gamme entière de la démence, pour le plaisir entier du public. Drôle et désaxé, le spectacle l’est très certainement. Au risque peut-être d’ensevelir les nuances qui se cachent au cœur du texte.
Techniquement, rien à reprocher. Les comédiens sont généreux sur scène, enthousiasmant le public de leurs frasques nombreuses. La réalisation scénographique est également fort réussie, maison anglaise et jardin vert sur une fin d’après-midi chaude et pesante. Décors et costumes sont teintés d’une « british touch » des plus piquantes, qui confère son unité esthétique à l’ensemble. On saluera particulièrement l’interprétation de Bernard Gahide, dont le rôle du Pompier présente une belle consistance. Du reste, le casting entier est parcouru par un sérieux vent de folie.
Une folie qu’on aurait toutefois espéré plus fine. Soyons bien clairs : cette Cantatrice chauve fonctionne parfaitement, l’humour se distille tout au long de la pièce et le délire ne quitte jamais le plateau. Cependant, on regrettera un manque de recherche dans l’approche du texte. Le résultat final, pour être séduisant, laisse davantage l’impression d’une succession de bonnes idées, plutôt que l’expression d’une véritable direction. Parfois légèrement excessif, le jeu se place devant le texte, comme si le caractère absurde du propos justifiait toutes les absurdités. Que la pièce de Ionesco invite à une forme de liberté créatrice, on s’en accorde bien volontiers. Mais à trop vouloir exprimer le non-sens des dialogues et situations par une abondance d’extravagances, on perd la subtilité d’une langue plus riche qu’il n’y parait.
Malgré quelques réserves de fond, le spectacle réjouit allègrement. Mis à part un début étonnement difficile et une fin dont l’utilité semble discutable, la fantaisie des comédiens emporte le public dans un tourbillon d’événements sans queue ni tête. Si la mise en scène était parvenue à offrir un point de vue original et réfléchi sur le texte, nous aurions à coup sûr obtenu une grande pièce. On se contentera d’un très bon divertissement, et personne ne s’en plaindra outre mesure.
Charles-Henry Boland
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