L’ombre conte l’histoire d’un savant (Vincent Lécuyer), homme reconnu « bon » par tous, dans un monde où cela semble devenir rare. Succombant aux charmes de la princesse, il se laisse entraîner malgré lui dans la toile des conspirations, donnant naïvement à son Ombre (Benoit Verhaert, véritable coup de cœur de cette pièce) tout le loisir de l’évincer.
Dans un univers sombre, le texte se déploie dans l’imaginaire, même si certaines références et réflexions lui donnent par moment une teinte réaliste. Les personnages très travaillés de Schwartz, non sans rappeler les personnages de grand guignol, ajoutent un certain relief à ce pays fantastique, où l’on croise un ogre à chaque coin de rue.
Au cœur de ces tableaux surréalistes traitant du pouvoir et de ses travers, se dessinent également la question de la part d’ombre inhérente à l’homme. Et malgré le sérieux des interrogations, le ton de la pièce permet d’y prendre part avec amusement.
La scénographie modulable de Xavier Rijs façonne par ses miroirs et vitres transparentes les jeux d’ombres et de regards posés sur ces êtres étranges, joués par un panel d’excellents acteurs qui viennent entourer le savant et son ombre : France Bastoen, Jasmina Douieb, Itsik Elbaz, Lara Hubinont, Thierry Janssen et Philippe Résimont.
Seuls légers bémols, quelques scènes superflues ainsi qu’une légère frustration quant à l’exploitation des thèmes, qui aurait pu être poussée plus avant. Mais il ne s’agit que de menus détails dans une pièce entrainante qui fascinera le spectateur et l’entrainera à l’intérieur d’un univers très recherché esthétiquement.
7 Messages