Deux tables et quelques chaises habillent partiellement la scène brute du théâtre mais ce sont surtout les corps qui servent de décors, secoués de spasmes, désarticulés ou rythmés, expression d’un malaise profondément ressenti. C’est « Le Cri » d’Edvard Munch, démultiplié par le temps. Le 20ième siècle, « aube de l’inquiétude », a laissé la place à un monde effrayant, une orgie de libertés, dans lequel il est désormais impossible de trouver l’apaisement. Pour preuve, les évènements comme celui d’Utoya en Norvège ou celui de Columbine aux Etats-Unis. Comme dans « Happy Slapping » de Thierry Janssens ou « Punk Rock » de Simon Stephens, le théâtre s’appuie sur des faits divers perpétrés dans des écoles et autres lieux de rassemblement pour mettre en exergue la déviance globale d’une société qui semble devenue incontrôlable et qui n’assure plus sa fonction première : rassurer les individus qui la composent.
Exercice de fin d’étude pour les comédiens, le recueil de Camille de Toledo n’était pas destiné à être porté au théâtre. Réflexion philosophique sur les vicissitudes d’un monde à la dérive, le texte est noir, angoissant et parfois obscur. Le fond contraste donc beaucoup avec la forme : neufs brillants comédiens mettent toute leur énergie et leur jeunesse à la disposition d’un cri d’alarme. A l’heure où l’Europe diminue les budgets culturels sous couvert d’austérité, espérons qu’ils soient entendus, et par le plus large public possible.
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