Henri (Pascal Racan), veuf septuagénaire au caractère bourru se voit obligé par sa famille de louer la chambre libre de son appartement parisien à une jeune femme qui aura pour mission de veiller à ce qu’il prenne bien ses médicaments. Constance, une jeune étudiante en quête de sa propre identité, s’accroche à cette location en dépit des tentatives de dissuasion d’Henri bien décidé à ne pas se laisser envahir. Il finira par lui louer la chambre à petit prix en échange d’un étrange marché : celui de séduire son fils Paul (Denis Carpentier) actuellement en ménage avec Valérie (Séverine de Witte) qu’il trouve idiote et indigne de la famille. À contrecœur, Constance (Margaux Frichet) accepte et mène à bien sa « mission » pour se rétracter immédiatement. Le destin et le coup de bluff de Constance auront cependant une incidence heureuse sur le couple de Paul et Valérie. Quant à Mr Henri, sa carapace d’aigreur fond progressivement au contact de Constance pour qui il jouera les mentors...
Créée en 1912 à Paris, la pièce a reçu le prix « Coup de cœur » du Molière du théâtre privé et le grand prix du jeune théâtre de l’Académie Française. Rien d’étonnant pour un auteur qui réussit dans des disciplines diverses. Ivan Calbérac a notamment écrit et réalisé ‘Venise n’est pas en Italie » avec Benoit Poelvoorde.
Si les personnages sont assez caricaturaux, la pièce a le mérite de déconstruire les attentes et les rancœurs qui existent dans toute famille. L’acceptation difficile des choix des uns et des autres, la mise en cause de son rôle d’éducateur, les jugements inavoués, le poids générationnel, chacun y reconnait quelque chose de soi. « Vivre n’est rien d’autre que d’apprendre à se résigner » dit Mr Henri et souvent ce n’est que très tard que l’on accepte ce que l’existence nous offre. Une leçon de vie et de tolérance sous une intrigue cynique charriée par une envolée de répliques au vitriol mais où la tendresse et l’amour affleurent par tous les pores, voilà la recette de cette pièce qui fait mouche et ne cesse de plaire.
Saluons ici une distribution brillante où les comédiens distillent les effets comiques sans en faire trop sous la direction maîtrisée d’Alexis Goslain et Sandra Raco dans un décor chic haussmannien de Francesco Deleo.
Du vrai théâtre familial.
Palmina Di Meo
Photos : © Isabelle De Beir/ Kim Leleux
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