Traduite en de nombreuses langues et adaptée pour le cinéma, elle n’a cessé d’émerveiller des générations entières depuis sa création en 1908. Et pour cause : ce conte féérique aborde la thématique universelle de la quête des mondes invisibles, véritable apprentissage vers la sagesse.
Tyltyl, riche de son imaginaire enfantin, nous emmène sur ce chemin initiatique où idéalisme, rêverie et réalisme s’entremêlent et nous font tourner la tête par moments. Où sommes-nous ? Ici ou là, hier ou demain, enfant ou adulte… A travers son cheminement, Tyltyl nous confronte à l’humilité responsable que les hommes doivent développer devant les forces de la nature. Nous traversons le Pays du Souvenir, le Palais de la Nuit, la Forêt, le Cimetière, le Jardin des Bonheurs, le Royaume de l’Avenir.
Pour sa première mise en scène, Isabelle Jonniaux a adapté la densité du texte, souligné par une scénographie qui sollicite le spectateur dans un espace théâtral ouvert et non dissimulé. On retrouve ces choix de sobriété, tant dans la technique que dans les décors et costumes, permettant autant de variantes qu’il y a de scènes et de personnages. Très proches des spectateurs, les cinq comédiens déploient leur puissance de jeu dans une énergie commune. Clément Thirion, dont l’efficacité de l’interprétation réside dans la simplicité et la justesse, incarne un Tyltyl touchant par sa naïveté et son courage. Véronique Dumont est une fée impressionnante, entourée d’un trio de personnages tour à tour émouvants et effrayants, joués par Sébastien Hébrant, Marie-Noëlle Hébrant et Marc Weiss.
Lorsque les spectateurs entrent dans le théâtre, disposé en arène pour l’occasion, les comédiens circulent librement dans tout l’espace, les accueillent discrètement, s’assoient, parlent entre eux. Quelques voiles suspendus flottent au centre du lieu, et se meuvent librement selon les déambulations des spectateurs. Des fumigènes enveloppent le tout d’un mystère sombre et bleuté. En quelques instants seulement, la magie opère, et le public se sent acteur, interpellé par les propos qui se mettent en place.
Mises à part quelques approches à travers lesquelles l’aspect didactique du conte est souligné et quelques rares longueurs dans les échanges et les déplacements, le récit est développé à un bon rythme et avance pas à pas dans la poésie imaginaire, main dans la main avec un public captivé, rêveur.
Partez donc en voyage avec Tyltyl au pays de l’Oiseau bleu. La part d’adulte et d’enfant qui se niche en chacun d’entre vous, y gagnera en légèreté, tout en y trouvant de rares plumes bleues et beaucoup de Lumière à déposer en vous. Bon voyage…
Céline Verlant
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