Comme l’affirme l’une des répliques de L’heure verticale, "le terrorisme est la mauvaise réponse à une bonne question". De la même manière, le spectacle à l’affiche au Rideau de Bruxelles, s’il regorge de bonnes questions, n’apporte pas sur celles-ci un éclairage convaincant.
Commençons par les "bonnes questions". Quelle est la place qu’occupent dans nos vies individuelles les opinions politiques et les relations internationales d’une part, et d’autre part, la psychologie et les relations familiales ? L’objectivité n’est-elle pas une illusion ? N’est-ce pas finalement un principe de subjectivité qui préside à l’ensemble de nos perceptions et opinions et, partant, à tous nos choix de vie ? Programme ambitieux.
Passons rapidement en revue les "mauvaises réponses" –nous parlons bien sûr de réponses théâtrales. Le résultat n’est en effet pas à la hauteur de nos attentes. Car le texte de David Hare ne parvient pas à dépasser le stade des bonnes intentions. Les personnages sont très typés, à la limite de la caricature, et la mise en scène réaliste de Adrian Brine ne leur convient pas. Les discours déjà fort pontifiants sont encore alourdis par une diction parfois monotone. Le casting présente également quelques faiblesses : bien qu’elle s’investisse avec énergie et intelligence dans son rôle, Isabelle Defossé n’est pas crédible en ex-reporter de guerre reconvertie en professeur à l’Université de Yale. Le recours à la vidéo n’apporte pas grand chose, si ce n’est des gros plans sur les visages qui renvoient à la vie intime des personnages.
Terminons en épinglant tout de même quelques éléments qui limitent les dégâts. Au fil de la représentation, le rythme s’intensifie et les rôles apparaissent de plus en plus intériorisés. Jules-Henri Marchant, en particulier, est touchant dans la peau du "soixante-huitard assagi". Quant au décor, en deux parties contrastées, il illustre efficacement l’antagonisme vie professionnelle/vie privée, objectivité/subjectivité, politique/intime.
Plutôt décevant, donc. Mais malgré tout, la richesse des thèmes abordés dans L’heure verticale transparaît suffisamment pour interpeller le spectateur qui, avec un peu d’indulgence, en retirera, si pas un moment de plaisir théâtral, du moins matière à réflexion… sur la place du politique dans notre vie intime, par exemple. C’est déjà pas mal.