L’Assassin habite au 21

Théâtre | Théâtre Royal des Galeries

Dates
Du 22 octobre au 16 novembre 2008
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+32 2 512 04 07

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L’Assassin habite au 21

L’assassin habite au 21 Stanislas-André Steeman, adaptation de Fabrice Gardin.

Scotland Yard se casse les dents sur cette affaire jusqu’au jour où un certain Toby Marsh leur dit avoir vu Mr Smith entrer au 21 Russel Square… C’est là qu’habiterait l’assassin !

Maître incontestable du roman policier, au même titre que Georges Simenon et qu’Agatha Christie, Stanislas-André Steeman se distingue par son humour, sa précision narrative et la finesse de ses analyses psychologiques. L’assassin habite au 21 est un véritable chef-d’œuvre policier.

Avec Patrick Brüll, Fabrizio Rongione, Hervé Guerrisi, Manuela Servais, Stéphanie Blanchoud, Colette Sodoyez, Stephen Shank, Didier Colfs, Freddy Sicx, Tristan Moreau, David Leclercq, Toni d’Antonio, Jean-Marc Delhausse et Alexandre Von Sivers.
 Mise en scène : Claude Enuset
 Décors : Francesco Deleo / Costumes : Françoise Van Thienen
Location : 02 / 512 04 07

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Mercredi 29 octobre 2008, par Jean Campion

Un polar monté avec... adresse

Si vous avez en mémoire le film qu’Henri-Georges Clouzot avait tiré, en 1942, du roman de Stanislas-André Steeman, vous serez surpris, en bien, par cette adaptation, signée Fabrice Gardin. Alors que le film, très français, mise sur la gouaille et le pittoresque d’acteurs à la mode, cette pièce nous plonge dans le climat brumeux de Londres, hantée par Jack l’Eventreur. En suivant des policiers dépassés, qui tentent d’identifier Mr Smith, nous nous perdons dans un labyrinthe et tournons autour de suspects étranges et inquiétants.

Pour raconter cette intrigue, pleine de rebondissements, sur un rythme soutenu, le metteur en scène, Claude Enuset, a choisi de juxtaposer deux décors : le bureau du commissaire et l’intérieur de la pension de famille, résidence présumée de l’assassin. Ce dispositif permet de passer, par un simple changement d’éclairage, d’un cadre à l’autre et offre au spectateur une situation privilégiée. En effet, il observe, en alternance, le désarroi des flics et les retombées de leur enquête balbutiante sur les habitants du 21, Russel Square.

Manifestement le commissaire Strickland, qu’interprète avec souplesse Patrick Brüll, n’a ni la sagacité ni la chance de Sherlock Holmes ou d’Hercule Poirot. Chaque fois qu’il croit tenir le coupable, un nouveau meurtre l’oblige à le relâcher. Comme il patauge, nous guettons les indices qui nous donneraient la solution de l’énigme.

Pourtant la pièce ne se réduit pas à ce jeu intellectuel : les personnages de S.- A. Steeman ne sont pas de simples pions de Cluedo. Incarnés par des comédiens, qui leur donnent beaucoup de relief, ils laissent progressivement percer certaines failles et frustrations. On sent que le docteur Hyde traîne un passé trouble et que le major Fairchild éprouve de la nostalgie pour ses prouesses militaires aux Indes. C’est sans doute le désoeuvrement qui le pousse à critiquer, avec une ironie mordante, la naïve Miss Holland. Même si Mr Andreyew n’est que la voix des grands acteurs qu’il double, Mrs Hobson le trouve très séduisant et voudrait bien tomber dans ses bras. Le prestidigitateur Lalla-Poor a soif de succès. Mr collins bégaie. Fameux handicap pour vendre des postes de T.S.F. Quant à Mary, elle espère percer dans la publicité, grâce à des slogans du genre : "Ménagez la ménagère".

Optant pour un policier plus souple que le "roman problème", l’auteur se contente d’esquisser les portraits de ces pensionnaires, mais il le fait avec subtilité et humour. Un humour que l’on retrouve dans quelques clins d’oeil. Ainsi un de ses personnages s’appelle DOCTEUR Hyde et le major Fairchild dévore avec passion "Le Mystère de la chambre jaune". On peut , bien sûr, considérer que la collaboration orageuse entre le commissaire Strickland et son beau-frère, le journaliste, est tirée par les cheveux ou trouver les flics de base trop banals. Ces regrets ne masquent pas les qualités de ce policier classique, adapté avec intelligence et efficacité, par toute une équipe très inspirée.

Théâtre Royal des Galeries