Kennedy
Mot de l’auteur :
Il est difficile de ne pas être fasciné par ces grandes familles frappées par la malédiction.
Sur ce point, les Kennedy n’ont rien à envier aux Atrides*. La tragédie s’est glissée à plusieurs reprises dans cette puissante dynastie.
La pièce nous plonge dans cette fameuse soirée au cours de laquelle Marylin Monroe susurra Happy birthday au micro devant plusieurs milliers de démocrates réunis pour l’anniversaire du président JFK.
La pièce nous fait rentrer dans les coulisses du pouvoir. Nous allons durant une heure trente côtoyer l’un des présidents américains les plus célèbres.
Nous sommes avec lui dans une chambre d’hôtel. Son frère le presse de rejoindre les invités et de serrer des mains. Mais JFK en est incapable tellement son dos le fait souffrir. Ce n’est pas l’homme fringant avec son merveilleux sourire de gendre idéal que nous découvrons mais un infirme qui ignore combien de temps il lui reste à vivre. Il est atteint d’une maladie des os qui le ronge… mais il doit faire semblant.
Une mystérieuse jeune femme a réussi à s’introduire dans la suite qu’il occupe. Elle semble en savoir long sur lui et sur tous les Kennedy comme si elle les connaissait depuis toujours. Grâce à elle nous allons découvrir la face cachée de cette famille maudite.
Je suis particulièrement heureux que ma pièce soit montée par Ladislas Chollat dont j’admire beaucoup le travail. C’est un formidable directeur d’acteurs qui a très bien dirigé Robert Hirsch dans la pièce Le Père (2 Molières dont Meilleur Spectacle).
C’est Alain Leempoel qui se glissera dans la peau de JFK, Dominique Rongvaux incarnera son frère, Bobby, et Anouchka Vingtier sera cette femme mystérieuse qui déstabilise les deux frères.
Thierry DEBROUX
*Dans la mythologie grecque, les Atrides sont les descendants d’Atrée.
Cette famille était maudite par les dieux car le grand-père d’Atrée, Tantale, fit manger à ceux-ci le corps de son fils Pélops. Le destin des Atrides fut marqué par le meurtre, le parricide, l’infanticide et l’inceste. Seule Athéna interrompra le cycle de la violence en faisant juger Oreste, le matricide, sur la colline de l’Aréopage, par le premier tribunal criminel de la cité d’Athènes.
Distribution
Avec : Alain Leempoel, Dominique Rongvaux,
Anouchka Vingtier. Mise en scène : Ladislas Chollat. Décor : Emmanuelle Roy. Lumières : Alban Sauvé. Avec l’aide de Panache Diffusion et de la Compagnie Nationale 12.
Vendredi 29 avril 2016,
par
Catherine Sokolowski
Dans l’intimité de JFK
Le 19 mai 1962, après avoir entendu Marilyn Monroe lui susurrer un “Happy birthday mister president” d’anthologie devant des millions de téléspectateurs, John Kennedy discute librement avec son frère Bobby du passé, du présent et du futur dans une chambre d’hôtel cossue. La mise en scène de Ladislas Chollat supporte élégamment ces échanges privés : voilà le spectateur renvoyé dans le passé, celui de l’intimité du clan Kennedy, celui de l’Amérique des années 60 mais aussi celui de la robe en gaze de soie cousue à même la peau de Marilyn ou de la jolie silhouette de Jackie Kennedy en tailleur Chanel…
Le texte de Thierry Debroux retrace tous les aspects du parcours des Kennedy : politiques, familiaux, psychologiques, médicaux et sexuels. Ce partage est captivant à plus d’un titre. D’abord parce qu’il renvoie à l’Amérique des années 60 (guerre froide, engagement militaire au Viêt Nam, ségrégation raciale, conquête de l’espace, invasion de la “Baie des cochons”, rôle de la mafia etc…), mais aussi parce qu’il met en évidence les aspects privés de la vie du président, comme son insatiabilité sexuelle ou sa très mauvaise santé, la première étant d’après lui une conséquence de la deuxième. En parlant de Jackie, il explique : “je ne la trompe pas, je me soigne”, n’a-t-il pas été “toute sa vie, un enfant qui va mourir” ?
Thierry Debroux n’a pas cherché à reproduire la réalité. Il s’en inspire et l’enrichit : les discussions sont entrecoupées par les interventions d’une jeune femme mystérieuse qui semble tout connaître du clan Kennedy, sans que l’on sache vraiment de qui il s’agit. Ange ou démon (“envoyée par Khrouchtchev ?”), elle n’exige rien mais s’impose, confrontant les frères Kennedy aux vérités qu’ils auraient préféré ne pas affronter.
Mené tambour battant par Alain Leempoel qui interprète brillamment le personnage du président au “charme à faire tomber un oiseau du nid”, le spectacle est centré sur les problèmes privés du clan Kennedy et cela lui confère son originalité. L’intervention d’Anouchka Vingtier donne une dimension surnaturelle au récit tandis que Dominique Rongvaux en ministre de la justice joue un Bobby Kennedy moralisateur incapable d’assumer ses désirs. Le décor cosy, les images anciennes judicieusement projetées et les références historiques passionnantes font de ce spectacle une belle réussite, une immersion captivante dans un passé révolu.
Catherine Sokolowski
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