Bref Portrait de l’artiste
Karim Barras a fait ses études à l’INSAS. Il y est entré à 17 ans et en est sorti à 20 ans, en 1993. Après ses études à l’INSAS, il est retourné quelques mois en Suisse et a ensuite obtenu un contrat pour ROBERTO ZUCCO de Koltès mis en scène par Armel Roussel.
Karim s’est déjà essayé au répertoire de Martin McDonagh dans La Reine de Beauté de Leenane, montée au Théâtre Varia en 2002. Au Varia, il joue également : Enterrer les morts, réparer les vivants (d’après Anton Tchekov), mise en scène par A. Roussel, Les Européens de H. Baker et Sauvés de Edward Bond. La saison passée, vous avez pu le voir dans Notre besoin de consolation est impossible à rassasier de Dagerman mis en scène par Armel Roussel à la chapelle des Brigittines et dans Histoires courtes mais vraies mis en scène par V. Cordy, E. Ancion et D. de Neck aux Halles de Schaerbeek. En 2001, il a signé la mise en scène de Artefact de Armel Roussel
Il a également participé à des spectacles de danse contemporaine et a composé la musique originale de différents spectacles.
Karim a reçu le Prix du théâtre 1998 du meilleur espoir masculin.
Quelques mots concernant le spectacle
Karim, est- ce particulièrement difficile d’endosser un rôle à la hauteur de Richard III ?
Au départ, quand on m’a proposé le rôle de Richard III, il est vrai que je me suis un peu pris la tête parce que on ne reste pas indifférent face à une pièce de Shakespeare.
Ensuite, j’ai tenté de mettre une distance face au personnage de Richard III. Je me suis dit que c’était un personnage comme les autres et que je devais l’aborder comme j’avais abordé les autres rôles que j’ai tenu…De toute manière, je ne pouvais pas l’aborder autrement qu’en fonction de ce que je suis. J’ai donc essayé de faire pour le mieux avec tout ce qui était en moi.
Comment as – tu « travaillé » ton personnage ?
J’ai tout d’abord fait un travail sur la langue. En effet, les pièces de Shakespeare, lorsqu’elles sont traduites en français, ont la difficulté de comporter des phrases très longues alors qu’en anglais elles comptent beaucoup moins de vers.
Les phrases, en français sont construites avec beaucoup de conjonctions de subordination, ce qui explique leur longueur.
La première chose que j’ai faite a été d’analyser ces phrases interminables afin de bien comprendre le texte, ce qui très important pour un comédien cela va de soit.
Ensuite, j’ai travaillé le texte de façon à mettre les respirations au bon moment pour faciliter également la compréhension du spectateur.
Après avoir réalisé un travail sur le texte, la préparation du personnage est venue plus instinctivement au fil des répétitions. Je fonctionne fortement selon mon instinct pour préparer un personnage. Un geste, une attitude me vient tout à coup et si ça passe bien, si ça me convient, je garde…Je n’ai donc pas fait un travail spécifique, beaucoup de choses sont venues spontanément.
As-tu une discipline de vie particulière en tant que comédien ?
Comme je me base beaucoup sur l’instinct, mon travail au quotidien est différent en fonction des projets…Pour Richard III, je m’entraîne avant chaque spectacle. Mais il se peut que je ne le fasse pas aussi régulièrement pour un autre spectacle.
Quelles ont été les exigences du metteur en scène pour cette pièce particulièrement importante ?
Ca a été très intéressant de travailler avec M.Dezoteux. C’est un metteur en scène qui laisse beaucoup de liberté aux comédiens. Il les laisse faire, les écoute et travaille en fonction de ce que les comédiens proposent. Il n’est pas du style directif comme peuvent l’être certains metteurs en scène. Cela me convenait particulièrement bien car j’aime qu’on me laisse une marche de liberté. Certains comédiens n’aiment pas travailler de cette manière. Pour ma part, si le metteur en s cène me dit trop ce que je dois faire, je me perds un peu et je finis par ne plus vraiment savoir ce que je dois faire.
As – tu d’autres projets pour cette année ?
Je vais jouer dans Hamlet [1] de Shakespeare également au Varia. Je tiens le rôle de Claudius.
C’est intéressant de jouer deux pièces de Shakespeare dirigées par deux metteurs en scène différents. Le travail de Hamlet est tout à fait différent de celui de Richard III parce que tout simplement, la philosophie des deux metteurs en scène est différente. Je trouve que pour le spectateur, c’est également intéressant d’aller voir les deux, c’est très enrichissant.
Sinon, j’ai d’autres projets mais je n’en parle pas car rien n’est sûr pour le moment.
La scénographie de Richard III est particulièrement imposante ; est-ce que cela n’a pas engendré des difficultés au niveau du jeu d’acteur ?
Non, au contraire cela a facilité le jeu. La scénographie est imposante mais peu chargée. Nous jouons sur un plateau quasiment vide. Pour moi, cela convient bien pour une œuvre de Shakespeare parce que le théâtre anglais était très peu réaliste. Quelques éléments seulement étaient présents sur scène et ils ne ressentaient pas le besoin de construire un château sur scène si la pièce en comportait un. Les objets faisaient comprendre que l’on était dans un château. C’est un peu le cas dans notre pièce.
La pièce dure particulièrement longtemps. Est que cela a nécessité d’avantage de répétitions ?
En général, un travail s’étale sur six semaines. Pour Richard III, les répétitions ont duré 9 semaines.
Pas trop dur de tenir autant de temps sur scène ?
Cela demande beaucoup de concentration, du repos une discipline de vie. Je bois un verre parce qu’on est samedi soir mais je ne me serais pas permis cela les autres soirs.
D’autant plus que le texte de Richard III constitue 1/3 du texte complet...
Propos recueillis par Elodie Vreux