Jeudi 21 novembre 2019, par Palmina Di Meo

KITCH MOLIÈRE

Après l’univers de Shakespeare (L’être ou ne pas être), la troupe des Voyageurs sans bagage revient avec un spectacle survolté sur le pouvoir de l’argent. Fort de leurs succès précédents aussi bien en Belgique qu’en France, ils nous enchantent ici avec une comédie à la mesure du talent de cette poignée de comédiens qui ne boude pas son plaisir. Et le public les suit avec enthousiasme dans cette folle farandole. C’est que Mohamed Allouchi maîtrise l’art de la distribution avec doigté.

Inspirée des meilleurs personnages de Molière, la famille bariolée d’Harpagon devra faire preuve d’une inventivité à toute épreuve pour échapper aux griffes et aux diktats d’un Picsou que l’odeur de l’argent suffit à faire défaillir.
Sur le point de récupérer l’héritage de sa mère (dont il ne s’est guère soucié jusque-là), Harpagon, version de Funès, est pris de malaise lorsqu’il doit débourser un centime. Seulement la vieille a posé des conditions : il doit marier ses deux enfants avant de toucher le magot. C’est l’occasion des spéculations les plus folles alors qu’il envisage lui-même de convoler avec sa jeune et pulpeuse servante fraîchement débarquée des îles. Et ce d’autant que ses enfants ne sont pas de plus faciles à marier. Scapin, serviteur courtisan et roublard, fera preuve de témérité pour lui jeter le maximum de poudre aux yeux.

C’est aussi l’occasion d’aborder des thèmes contemporains comme la condition des migrants et le regard sur les plus démunis. En actualisant les grands classiques par le biais de l’humour et de la comédie musicale, Zenel Laci parvient à introduire la corde sensible du jugement sur l’autre.

Un spectacle familial, drôle, qui frôle le kitch avoué et qui se regarde comme un conte de fée. Car au pays de l’imaginaire, tout est bien qui finit bien et les avares pardonnent facilement aux seigneurs qu’ils soient nantis ou désargentés…