Jeanne d’Arc (au troisième degré)
Spectacle mêlant théâtre, cirque et arts martiaux adapté de la nouvelle "Au troisième degré" de Jacqueline Harpman. Jeanne entend des voix. Peut-être.
Mais Jeanne surtout n’entend pas rester où une femme se doit de rester.
Alors elle bouge.
Même emprisonnée, même sur le point d’être brûlée.
Jeanne bouge et raconte ce qui la fait bouger.
Elle se bat, elle combat et refait sans cesse les mouvements qui l’ont conduite à la liberté, qui l’ont conduite à être enfermée.
Jeanne nous envoie le négatif de nos peurs, de nos bassesses.
Jeanne est belle et forte, elle explore les zones à proximité des limites.
Elle voyage aux frontières de ses rêves, s’évade sous nos yeux sans quitter sa cellule et explore le mouvement sous toutes ses formes.
La voix de Jeanne ne nous laisse pas froids.
« Emilie Guillaume livre une prestation de plus en plus soufflante (...). Du souffle, assurément, la jeune femme en a, presque assez même pour éteindre le bûcher suggéré qui la menace et l’attend. »
Laurence Bertels, La Libre
Mise en scène : Sylvie Steppé
Avec : Émilie Guillaume
Scénographie spatiale et sonore : Nicolas Marchant
Réalisé avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Direction générale de la Culture, Service général des Arts de la Scène et le soutien de l’Espace Catastrophe.
Petite Salle
Du 1er au 4 Avril 2015
Du jeudi au samedi 20h30
Le mercredi à 19h00
TEASER du spectacle : http://vimeo.com/79550860
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Jeudi 1er octobre 2015,
par
Catherine Sokolowski
Petit mensonge d’une sainte
Et si Jeanne d’Arc n’avait jamais entendu de voix ? Et si elle les avait inventées pour parvenir à ses fins ? Car Jeanne était lucide. A une époque où l’intelligence était considérée comme l’apanage des hommes et les tâches ménagères réservées aux femmes, l’intrépide adolescente décide de se soustraire à sa condition de femme. Pour ce faire, elle prétend entendre des voix de saints qui lui confient la mission de délivrer la France. Elle devient un homme et s’emploie à convaincre son entourage de l’importance de cette mission. Une interprétation très physique d’un texte de Jacqueline Harpman par l’artiste transdisciplinaire Emilie Guillaume qui met tous ses talents au service de la révolte de Jeanne contre sa condition. Et elle le fait avec brio, certainement convaincue par la justesse de la cause, intemporelle.
Indifférente au désir et dégoûtée par le comportement de la plupart des hommes, Jeanne refuse d’être une femme : elle aurait voulu être un garçon. Les tâches assignées à ses congénères ne l’intéressent pas. Curieuse et intelligente, elle comprend qu’elle ne pourra s’épanouir dans un monde d’hommes qu’en devenant l’un d’entre eux. Cacher ses seins, éviter d’éveiller le désir et convaincre tout le monde y compris le dauphin qu’elle doit mener les troupes françaises contre l’Angleterre pour délivrer Orléans : une idée qui lui plaît. L’humour fait aussi partie du récit.
Alors Jeanne s’en va-t-en guerre. Avec une volonté qui ne se délite jamais. Le texte de Jacqueline Harpman est le récit d’une révolte. Une quête dont Jeanne, fougueuse et volontaire, sera la victime. Emilie devient Jeanne, charismatique et généreuse, cette Jeanne tellement convaincue du rôle ingrat de la femme qu’elle frôle la folie.
Et Emilie ? Comédienne, elle a d’autres flèches à son arc : de l’escrime aux arts martiaux, Emilie est également cascadeuse et acrobate. L’artiste au travail protéiforme offre ses talents à la cause de Jeanne. Pas de décors, mais de nombreux déplacements acrobatiques et maniements d’épée qui les remplacent. C’est la prestation d’Emilie que l’on retient, toute entière dévolue à servir Jeanne et sa rébellion précoce. Un spectacle original et sympathique qui mélange avec habilité la vraie histoire de Jeanne d’Arc et la stratégie surprenante de Jeanne-Emilie. A découvrir.
Catherine Sokolowski
Jeanne d’Arc au troisième degré
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