Jeudi 11 avril 2013, par Palmina Di Meo

Jean-Jacques Rousseau, génie du cinéma de l’absurde

Invité "spécial" du BIFFF 2013

Jean-Jacques Rousseau, de son vrai nom Jean-Jacques Rousseau, génie – autoproclamé - du cinéma de l’absurde, était présent la semaine dernière au BIFFF pour présenter ses films "Le 1er juillet chez Olga" et "L’Amputeur Wallon" et révéler quelques secrets de tournage.

Cagoulé, blouson de cuir sur un T-shirt annonçant la guerre, cet excentrique n’a pas fini de faire parler de lui et si vous ne le connaissez pas encore, il est plus qu’urgent de combler cette lacune. Véritable phénomène dans le paysage cinématographique belge, ouvrier-maçon de profession, autodidacte, il a produit, réalisé et distribué plus de quarante films parmi les plus déjantés. Secret, le personnage cultive l’anonymat, entretient soigneusement le mystère qui entoure son identité, se dit injoignable, ne possède même pas de GSM mais n’en finit pas d’étonner. Ses films mettent en scène des acteurs non professionnels placés dans des situations extrêmes, désopilantes. Ses tournages ont même la réputation de provoquer des catastrophes.

Son cinéma expérimental, fait de bric et de broc, aux budgets ne dépassant pas les 2500 euros, trouve son inspiration dans le paysage wallon et la période des guerres mondiales et met en scène les aspects les plus fantastiques et surréalistes de la nature humaine. Des anti-héros complètement fous, des médecins sadiques, des fumeurs terroristes… la "faune" qui peuple ses films - travestis, vacanciers nudistes, traîtres, serial killers - n’a pas froid aux yeux et semble prête à refaire la guerre des Gaules au besoin, parler wallon à l’appui. Non distribués en salles, les films de Jean-Jacques Rousseau ne sont visibles que dans les grands festivals où ils se glissent entre les productions plus importantes.

Ses deux derniers films, Le 1er juillet chez Olga et L’Amputeur Wallon étaient projetés au BIFFF en présence de l’équipe de comédiens et du réalisateur. Provocateur, il a déclaré que sa cagoule est un masque, qu’il n’irait jamais aux États-Unis car ils ont toujours la peine de mort et que certains dans le cinéma belge feraient bien de porter une cagoule ! Marginal, son cinéma se situe en dehors des circuits économiques, ne respecte aucune règle théorique ou esthétique, ne rapporte rien à personne. Confronté à la programmation du BIFFF où les effets spéciaux sont omniprésents avec des créatures volantes et bondissantes, tout dans les films de Rousseau est artisanal. Il a défini son cinéma comme un pansement à sa souffrance mais ses thèmes ne sont pas si anodins et l’idée de L’Amputeur Wallon , une histoire de vengeance sadique à la suite de l’amputation d’une jambe en temps de guerre, a germé d’un drame familial. Il envisage un prochain film sur le cancer du cerveau… voilà qui promet si l’on connait sa méfiance envers les médecins (voir la série des Docteur Loiseau ) et les GSM. Quant à lui, il s’estime à l’abri de la médicine puisqu’il ne fume pas, ne boit pas et ne mange pas de cadavres, entendez pas de viande.

Le cinéaste a souhaité savoir lequel des deux films les spectateurs avaient préféré. Le 1er juillet chez Olga l’ayant emporté, il a aussitôt proclamé le film "vainqueur de la compétition Jean-Jacques Rousseau du BIFFF 2013". Le film raconte le périple de quelques irréductibles qui, pour échapper à la l’interdiction de fumer dans les cafés, utilisent des moyens explosifs.

Parmi les cinéastes qu’il admire, Kubrick est son "maître à penser". Il aime Fassbinder, Jean-Pierre Mocky mais peut tout aussi bien s’inspirer de Terminator.

Frédéric Sojcher dans son documentaire Cinéastes à tout prix le place, aux côtés de Jacques Hardy et de Max Naveaux, parmi les créateurs qui, sans le chercher, inventent un nouveau langage cinématographique.

Palmina Di Meo

Site officiel de Jean-Jacques Rousseau :
http://www.infojjr.be/