Je suis un poids plume
Elle. Sans lui. La boxe. La vie. Un corps qui s’arrête. Un corps qui s’épuise. Un corps qui renaît… C’est à l’arrière d’un petit immeuble au fond d’une cour qu’elle a un jour franchi la porte d’une salle de boxe. Poussée par une nécessité alors indicible. Elle a chaussé ses gants et laissé faire le geste. Elle a frappé pour sentir la vibration de la vie jusqu’au bout de ses doigts. Elle a parlé une langue nouvelle, « direct », « jab », « uppercut », a appris à ne pas baisser les yeux, à appris à parer et à recevoir les coups, a appris à les rendre. Elle a écouté et reconnu son instinct. Elle a rencontré et repoussé ses limites. Elle appris à vivre sans lui. Nettoyer. La trace de son corps, la trace de ses mots, l’empreinte de ses mains.
Il y a mille chemins pour naître à soi. Nous voulions parler de celui d’une jeune femme qui au lendemain d’une séparation va trouver au cœur d’une petite salle de boxe une force nouvelle de vie. Quand le corps est en mouvement, les pensées deviennent précises comme des frappes, moins chaotiques, elles font mouche, s’inscrivent autrement mieux. Les mots prennent un sens nouveau. Dans cette danse du boxeur, tout se concentre, devient plus tranquille. Et au bout du souffle et des forces, on écoute les dictées du cœur. Alors, le temps d’un entraînement, sur le plateau-ring du théâtre-boxe, baisser la garde et retrouver la vie.
(Stéphanie BLANCHOUD et Daphné D’HEUR)
JEU & ÉCRITURE
Stéphanie Blanchoud
SCÉNOGRAPHIE Maud Grommen
CRÉATION SONORE Pierre Slinckx
COSTUMES Chloé Dilasser
COACHS Ben Messaoud Hassen & Philippe Maigret Avec la participation de Mickaelis Karagianis
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Antoine Motte dit Falisse
ASSISTANT-STAGIAIRE Yuri Didion
MISE EN SCÈNE Daphné D’Heur
Distribution
De Stéphanie Blanchoud, mise en scène Daphné D’Heur, avec Stéphanie Blanchoud
Lundi 6 mars 2017,
par
Catherine Sokolowski
Phénix de l’uppercut
Stéphanie Blanchoud, connue pour son rôle d’inspectrice dans la série “Ennemi public”, propose un récit partiellement autobiographique, en tout cas intime. L’histoire d’une séparation, avec la boxe comme exutoire. Au début timidement, “Même si t’arrives pas, t’essayes”, conseille son entraîneur, mais pendant une heure et demi, quand même. Maintenant, cela fait presque cinq ans qu’elle boxe, et sur scène, elle offre une belle démonstration de son art, avec Ben l’entraîneur, “Ben, le seul en qui j’ai cru au bout de 2 minutes”. Cette juxtaposition entre l’énergie dégagée par le sport et la tristesse d’une histoire terminée dégage quelque chose qui s’apparente à de la poésie. La prestation de Stéphanie est touchante.
Stéphanie sonne et s’écrie : “Y a une nana ! t’as déjà quelqu’un d’autre ?”. Pour certains, les lendemains d’une séparation sont plus agréables que pour d’autres. Il faut pourtant régler la répartition des objets, préférence pour une machine à laver et autres détails matériels. Il faut aussi penser à autre chose, tout le monde a un souhait enfui, une idée originale, un souhait inaccessible. Du désarroi naît le courage, celui d’entrer dans la petite salle de boxe située à l’arrière d’un immeuble. Deux chocs qui s’affrontent pour s’annuler ?
Plus tard, il y a un voyage en Afrique, “sur cette terre, brûlée comme est mon cœur”.
Après la déception, l’espoir : “La route est là, belle et inconnue”. Et côté boxe, le premier sparring, qui ne se passe pas si bien que ça, elle aurait pu rendre les coups, tous les coups qu’elle a reçus, mais elle n’y est pas arrivée. Elle comprend qu’elle n’est pas là pour cela, qu’elle n’a jamais aimé la violence. La boxe, c’est de la danse.
Aujourd’hui, au Théâtre des Martyrs, demain au Théâtre Océan Nord dans “La Musica Deuxième” (interprété par Catherine Salée et Yoann Blan), les stars du petit écran occupent la scène des théâtres, pour le plus grand bonheur de tous. Stéphanie Blanchoud raconte une histoire somme toute assez banale dans un contexte original, celui de la boxe et de la chorégraphie des mouvements physiques. Car il s’agit bien de cela, de danse et de légèreté. Avec Daphné D’heur à la mise en scène, l’actrice témoigne de ses combats : boxe, temps et mots se confondent dans une simplicité qui va droit au cœur.
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